Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/229

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je vis entrer un Monikin qui avait la tournure d’un valet, et qui apportait un paquet attaché au bout de sa queue. Il se tourna pour le présenter avec respect, et quand je l’eus détaché il se retira. Le paquet contenait trois lettres, ayant les adresses suivantes :


À Son Altesse Royale, Bob, prince de Galles, etc., etc., etc.

Au lord grand-amiral Poke, etc., etc.

À M. Goldencalf, gouverneur, etc.


Priant mes hôtes de m’excuser, j’ouvris la lettre qui m’était destinée, et je lus ce qui suit :


« Le très-honorable comte de Chatterino, premier chambellan de Sa Majesté, informe M. John Goldencalf, qu’il lui est ordonné de se rendre à la cour ce soir, pour assister à la cérémonie nuptiale qui aura lieu entre ledit comte de Chatterino et lady Chatterissa, première fille d’honneur de Sa Majesté la reine.

« N. B. Personne ne doit se présenter qu’en grand costume ».


Je montrai ce billet au juge, et il m’informa qu’il avait reçu, en sa qualité d’ambassadeur, une invitation semblable. L’Angleterre n’ayant pas de représentant à la cour de Leaphigh, je dis au plénipotentiaire de la république de Leaplow qu’il m’accorderait une faveur particulière, s’il voulait, en sa qualité de ministre étranger, se charger de me présenter. Il y consentit, et je lui demandai quel était le costume que je devais prendre, car, d’après tout ce que j’avais vu jusque alors, il me semblait qu’on ne connaissait à Leaphigh d’autre costume que la nudité. Il eut la bonté de m’expliquer qu’il était vrai que tout vêtement blessait les yeux tant à Leaphigh qu’à Leaplow, et que, dans le premier de ces deux pays, personne, à l’exception des ministres étrangers, ne pouvait se présenter à la cour sans avoir une queue. Ce point étant éclairci, nous nous séparâmes, l’Ami du peuple m’ayant promis de venir me prendre à l’heure indiquée pour me conduire à la cour avec mes compagnons, dont je n’avais pas perdu de vue les intérêts.