Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roi, et droits de la conscience du roi. Ici il retomba encore dans des généralités, mais d’une manière fort heureuse ; car à l’instant où ses auditeurs concevaient à peine où il voulait en venir, il aborda la troisième section des droits du roi, comme étant celle qui se rattachait le plus immédiatement à son sujet.

Il démontra, d’une manière triomphante, que la branche des immunités royales qui avait été spécialement violée par le crime du prisonnier, était évidemment celle des droits de la conscience du monarque. — Il ne faut pas juger des attributs de la royauté, dit le profond avocat, comme on jugerait des attributs d’un sujet. La personne sacrée du souverain est le centre de la plupart des privilèges les plus importants des Monikins, pour ne pas dire de tous. Dans un sens politique, le roi ne peut faire mal ; et l’infaillibilité officielle est le résultat de ce principe. Le roi n’a donc aucun besoin des facultés ordinaires des Monikins. Qu’a besoin, par exemple, de jugement ou de conscience, un fonctionnaire qui ne peut faire mal ? La loi, pour soulager celui qui porte le fardeau de la royauté, a placé sa conscience sous les soins d’un autre. C’est l’aîné de ses cousins germains qui à la garde de la conscience du roi, comme le sait tout le royaume de Leaphigh. La mémoire est la faculté la moins importante pour un individu qui n’a pas de conscience ; et sans prétendre qu’une loi positive ou un statut constitutionnel ait privé le roi de la possession de sa mémoire, il s’ensuit pourtant naturellement, et l’on doit inévitablement reconnaître, que, n’ayant aucun besoin de cette faculté, la présomption légale est qu’il ne la possède pas.

— Cette lucidité, cette simplicité, cette clarté, qui sont nécessaires à tout esprit bien organisé, continua le procureur général, n’existeraient plus au même degré dans celui de Sa Majesté, si ces facultés intellectuelles y étaient accumulées d’une manière si inutile, et l’État en souffrirait. Le roi règne, milords, mais il ne gouverne pas. C’est le principe fondamental de notre constitution. Je dirai plus : c’est le palladium de notre liberté. Il est fort aisé de régner à Leaphigh, Milords ; il ne faut autre chose que le droit de primogéniture ; un bon sens suffisant pour comprendre la distinction entre régner et gouverner, et une modération politique qui ne puisse déranger la balance de l’État. Mais c’est une chose toute différente de gouverner. À l’exception des légers intérêts dont je viens de parler, le roi n’a rien à gouverner, — non, rien,