Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grande erreur que de prétendre qu’une représentation basée sur des terres, des maisons, des marchandises ou de l’argent, puisse être une garantie d’un bon gouvernement. Les propriétés sent affectées par les mesures de l’administration ; et plus un Monikin est riche, plus il est exposé à la tentation de consulter son intérêt privé, même aux dépens de l’intérêt public.

— Mais, Monsieur, l’intérêt de la communauté se compose de la réunion des intérêts privés.

— Pardonnez-moi, sir John, la réunion des intérêts privés n’est que la réunion des intérêts d’une classe de la société. Si votre gouvernement n’est établi que pour l’utilité de cette classe, votre système d’intérêt social est assez bien imaginé ; mais s’il a pour objet le bien général, vous n’avez d’autre alternative, que de le mettre sous la garde de la généralité des citoyens. Supposons deux hommes, — puisque vous êtes un homme et non un Monikin, — supposons deux hommes parfaitement égaux en qualités morales, en intelligence, en patriotisme, en vertus publiques, mais dont l’un soit riche et l’autre pauvre : il arrive une crise dans les affaires de leur pays, et tous deux sont appelés à exercer leurs droits sur une question qui, — comme presque toutes les questions importantes, — doit inévitablement avoir quelque influence générale sur les propriétés. Lequel donnera le vote le plus impartial ? Est-ce celui qui nécessairement doit être tenté d’écouter son intérêt personnel, ou celui qui n’a aucun motif semblable pour s’écarter du droit chemin ?

— C’est certainement le dernier ; mais, la question n’est pas posée d’une manière impartiale.

— Pardonnez-moi, sir John, elle est établie d’une manière aussi impartiale que peut l’être une question abstraite ; — une question qui doit prouver un principe. Je suis charmé de vous entendre dire qu’un homme serait porté à décider ainsi ; cela prouve son identité avec les Monikins. Nous pensons que nous sommes tous disposés à songer d’abord à nous en de telles occasions.


— Mon cher brigadier, ne prenez pas des sophismes pour des raisonnements. Bien certainement si le pouvoir était entre les mains des pauvres, — et les pauvres, avec ceux qui le sont comparativement, forment toujours la masse d’une nation, — ils en useraient de manière à dépouiller les riches de leurs possessions.