Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/332

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tilité, qui connaissent par expérience le fort et le faible de chaque pari et sont familiarisés avec chaque subdivision de sentiment politique qui a existé dans le pays. Cet habile orateur aborda le sujet avec talent, et le traita sur le même principe que l’honorable membre qui l’avait précédé, soutenant que le fond principal d’une résolution ou d’une loi reposait dans les choses et non dans les mots : ceux-ci n’étaient que de trompeuses lueurs qui nous égaraient, et il n’avait pas besoin de soumettre à la chambre un fait connu de tous ceux qui l’écoutaient, de dire que les paroles sont et seront de tout temps façonnées à la convenance de chaque individu. C’est une erreur capitale dans une vie politique d’être prodigue de paroles, car un jour peut venir où l’on aura des motifs de regretter de n’avoir pas gardé le silence. Il priait la chambre d’examiner si la mesure proposée était nécessaire, — si l’intérêt public l’exigeait, et si l’esprit de la nation y était préparé. Si la chose était ainsi, il suppliait les gentlemen de faire ce qu’ils devaient à eux-mêmes, à leur dignité, à leur conscience, à leur religion, à leurs propriétés, et enfin à leurs constituants.

Cet orateur s’était efforcé de combattre les mots par des mots, et il me sembla que la chambre ne lui était pas défavorable ; je me décidai alors à faire un appel à la loi fondamentale dont jusque là on s’était fort peu occupé dans la discussion. J’épiai un regard du président, et je me levai aussitôt.

Je débutai par rendre hommage, dans un exorde très-soigné, aux talents et aux intentions de ceux qui m’avaient précédé ; j’y joignis quelques allusions délicates à l’habileté, au patriotisme et aux vertus bien connues de la chambre. Tout cela fut si bien accueilli que, prenant courage, je me déterminai à fondre sur mes adversaires avec le texte de la loi écrite. J’entamai l’attaque par un pompeux éloge de l’admirable nature de ces institutions universellement reconnues pour la merveille du monde, et qui sont regardées comme la seconde perfection de la raison monikine ; celles de Leaphigh jouissant d’une suprématie non contestée. Je fis quelques observations préalables sur la nécessité de respecter les ordonnances vitales du corps politique, et je priai mes auditeurs d’écouter avec attention la lecture d’une clause particulière qui m’avait frappé comme offrant quelques rapports avec l’objet qui nous occupait. Ayant ainsi frayé la route, je me gardai bien de nuire à une cause si habilement pré-