Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/34

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grin, et ce fut ce qui arriva à mon père en cette occasion. Il avait fini dans la matinée ce que les marchands appellent leur inventaire. Commençant alors la tâche agréable d’en faire le total, il vit qu’il possédait un actif de sept cent quatre-vingt-deux mille trois cent onze livres et quelques shillings ; et, en ayant déduit les dix mille livres sterling qu’il venait de débourser, il se consola de la grandeur de cette perte, en songeant à la somme incomparablement plus grande qui lui restait.





CHAPITRE III.


Opinions du père de notre auteur. — Les siennes, et celles d’autres personnes.



Le docteur Etherington était un ministre plein de piété et un homme bien né. Second fils d’un baronnet d’une ancienne famille, il avait été élevé dans la plupart des idées de sa caste, et peut-être n’en avait-il pas abjuré tous les préjugés. Mais après avoir fait cet aveu, je dois dire que peu de membres du clergé étaient plus attachés que lui à la morale et aux principes de la Bible. Son humilité était proportionnée à sa situation dans le monde ; sa charité se réglait judicieusement d’après les articles de foi ; et sa philanthropie avait ce caractère de discernement qui convenait à un homme qui était un des zélés soutiens de l’Église et de l’État.

En consentant à se charger de la tâche qu’il allait entreprendre, il n’avait cédé qu’au désir que lui avait inspiré sa bienveillance, d’adoucir les derniers instants de ma mère. Connaissant le caractère de son mari, il avait commis une sorte de pieuse fraude en attachant à son consentement la condition d’une fondation ; car, malgré le ton convenable de sa mercuriale, malgré la promesse de mon père, et toutes les petites circonstances qui avaient accompagné la mort de ma mère, on pourrait douter qui éprouva le plus de surprise, lorsque le mandat eut été présenté et payé, de celui