Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pacifique, et il croyait en avoir trouvé un par le moyen duquel il serait peut-être possible, grâce aux précautions convenables, aux ménagements les plus délicats, et en respectant toute la sensibilité de la haute et honorable nation en question, de nous tirer de cet embarrassant dilemme sans en venir aux coups : — il se sert de ce mot expressif, parce qu’il désire pénétrer les honorables membres des maux de la guerre. Il invite les gentlemen à se rappeler qu’un conflit entre deux grandes nations est chose grave : si Leapthrough était un peuple d’un ordre tout à fait inférieur ; ce serait tout différent, et la contestation pourrait se conduire en secret ; mais notre honneur est intimement lié à tous nos rapports avec les grandes nations. Qu’était-ce que la guerre ? Les gentlemen le savaient-ils ? Il allait essayer de le leur apprendre. Ici l’orateur traça des combats une peinture qui fit frissonner toute la race monikine. Il l’envisagea sous ses quatre points de vue principaux : il peignit les maux qu’elle entraîne dans l’ordre religieux et financier, ses inconvénients politiques et privés. Il nomma la guerre le démon de l’état de l’esprit monikin, comme opposée au culte, à la charité, à l’amour de ses frères et à toutes les vertus. À propos de ses maux pécuniaires, il fit pressentir une taxe nouvelle : les boutons, dont la grosse coûtait six pence, en coûteraient bientôt sept ; il l’assurait à la chambre.

Ici, on lui rappela que les Monikins ne portaient plus de boutons depuis longtemps. — N’importe, ils achetaient et vendaient des boutons, et l’effet serait juste le même sur le commerce. Il nous, effraya tous, lorsqu’il parla des maux politiques ; mais quand il vint aux peines intérieures ; il ne resta pas dans la chambre un œil sec. Le capitaine Poke sanglotait si haut, que je mourais de peur qu’il ne fût rappelé à l’ordre. — Regardez ce pur esprit, s’écria-t-il, le voilà brisé, emporté par le tourbillon de la guerre ! Voyez cette femme couchée sur le gazon, qui couvre le héros de sa patrie, l’époux auquel elle donna ses affections virginales ! C’est en vain que l’orphelin qui est près d’elle lève ses yeux pleins de larmes, il demande le guerrier qui laissait sa main enfantine se jouer sur un brillant panache ; c’est en vain que sa douce voix s’informe s’il viendra bientôt réjouir leurs cœurs par sa présence. — Mais je ne puis plus écrire. Les sanglots interrompirent l’orateur, et il retourna à sa place plongé dans une extase d’émotions bienveillantes.