Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/7

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ses remercîments avec autant de modestie que de chaleur. Une minute après, son mari nous rejoignit ; il me serra la main avec l’émotion que devait éprouver un homme qui s’était vu à l’instant de perdre un ange. La dame parut bien aise de nous laisser ensemble.

— Vous êtes Anglais ? me dit l’étranger.

— Américain.

— Américain ! cela est singulier. Me pardonnerez-vous une question ?… Vous avez sauvé plus que ma vie, vous avez probablement sauvé ma raison. Me pardonnerez-vous une question ?… De l’argent pourrait-il vous être utile ?

Je souris, et je lui répondis que, quelque étrange que cela pût lui paraître, j’étais un homme bien né, tout Américain que j’étais. Il parut embarrassé, et l’expression de ses beaux traits m’inspira une sorte de compassion ; car il est évident qu’il voulait me montrer combien il sentait qu’il m’était redevable ; et cependant il ne savait trop que me proposer.

— Nous pourrons nous revoir, lui dis-je en lui serrant la main.

— Accepterez-vous ma carte ?

— Avec le plus grand plaisir.

Il me remit une carte sur laquelle je lus les mots : « Le vicomte House Holder ; » et je lui remis en échange mon humble nom.

Ses yeux passèrent successivement de la carte à moi, et de moi à la carte, et quelque idée agréable parut s’être présentée tout à coup à son imagination.

— Irez-vous à Genève cet été ? me demanda-t-il vivement.

— J’y serai dans un mois.

— Où logerez-vous ?

— À l’hôtel de l’Écu.

— Vous y recevrez de mes nouvelles. Adieu.

Il partit avec son aimable femme et ses guides, et je continuai mon chemin vers l’hospice du Grimsel. Un mois après je reçus un gros paquet à l’hôtel de l’Écu, il contenait une belle bague en diamants, avec la prière de la porter en souvenir de lady House Holder, et un manuscrit fort bien écrit ; le billet suivant expliquait les désirs de celui qui me l’adressait.


« La Providence a eu plus d’une raison pour amener notre rencontre ; j’ai hésité longtemps à publier la relation qui suit, car,