Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et dans le pays de Galles. Cette division de mes propriétés foncières avait pour but de faire un partage égal de mes sentiments entre les différentes parties de mon pays natal. Cela ne me suffit pas, et j’étendis ce système jusque dans les colonies. J’achetai des actions de la Compagnie des Indes orientales ; un bâtiment de commerce, des terres dans le Canada, une plantation dans la Jamaïque, des troupeaux au cap de Bonne-Espérance et dans la Nouvelle-Galles, une indigoterie dans le Bengale ; je formai un établissement pour faire une collection d’antiques dans les îles ioniennes, et je pris un intérêt dans une maison de commerce qui envoyait dans toutes les dépendances de la Grande-Bretagne les divers produits de nos manufactures. De l’empire britannique je portai mon attention sur les autres contrées du monde. J’achetai des vignobles près de Bordeaux et de Xérès : je pris des actions dans les mines de sel et de charbon d’Allemagne, et dans celles d’or et d’argent de l’Amérique méridionale. En Russie, je m’enfonçai dans le suif ; en Suisse, j’établis une manufacture de montres ; j’eus des vers à soie en Lombardie, des oliviers en Toscane, un bain public à Lucques, et une fabrique de macaroni à Naples. J’envoyai des fonds en Sicile pour y acheter des grains, et j’établis à Rome un connaisseur pour y recevoir des marchandises anglaises que j’y ferais passer, telles que moutarde, porter, bœuf salé, etc., et pour n’envoyer en retour des tableaux et des statues pour les amis des arts.

Lorsque tout cela fut fait, je vis que je ne manquais pas de besogne ; mais avec de la méthode, des agents instruits, et une ferme résolution, je vins à bout de tout, et je commençai à pouvoir respirer. Pour me délasser, je descendis dans les détails, et pendant quelques jours je fréquentai les réunions de ces gens qu’on appelle les saints, pour voir s’ils ne pourraient pas coopérer à l’exécution de mes grands desseins. De ce côté, je ne puis dire que j’aie obtenu le succès que j’attendais. J’entendis beaucoup discuter sur la forme plutôt que sur le fond, et j’eus à me défendre à chaque instant contre des appels déraisonnables à ma bourse. La charité, vue de si près, n’en laissait que mieux apercevoir ses taches, comme l’éclat du soleil fait remarquer sur la beauté des défauts qui échappent l’œil quand il n’a que le secours d’une lumière artificielle ; et je me contentai bientôt d’envoyer mes contributions à des intervalles convenables, en me tenant à