Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/350

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croire à leur durée ; et la mer, au-delà du récif, était assez calme pour permettre qu’on travaillât à ce qui restait à faire, maintenant que les principaux mâts étaient en place.

Le Montauk n’avait certainement pas l’air aussi majestueux et aussi imposant qu’avant l’ouragan, mais il paraissait équipé avec un soin et une exactitude qui étaient de bon présage ; on aurait dit un bâtiment du port de sept cents tonneaux auquel on avait donné les mâts et les vergues d’un bâtiment de cinq cents. Il ressemblait un peu à un homme de sir pieds portant l’habit d’un homme de cinq pieds sir pouces ; et cependant ce manque d’accord entre ses parties n’aurait pu être remarqué que par un œil exercé. Tout ce qui était essentiel se trouvait à sa place, et était convenablement installé ; et comme le bâtiment danois avait été équipé de manière à pouvoir naviguer sur une mer houleuse, le capitaine Truck fut convaincu que le Montauk pouvait, dans son état actuel, se hasarder, même en hiver, sur la côte d’Amérique, sans courir un risque extraordinaire.

Dès que l’heure du travail fut arrivée, il envoya le cutter jeter une ancre aussi près de la passe qu’il serait possible d’en approcher sans danger, et un peu au vent de l’entrée. En faisant ses calculs, et ayant égard à ses bouées, qui restaient encore aux endroits où il les avait placées, le capitaine reconnut qu’il pouvait gagner un étroit canal, assez droit pour permettre au bâtiment de se touer en ligne directe jusqu’à ce point. Tout était alors à bord, excepté les embarcations ; on leva l’ancre, on garnit l’aussière au cabestan, on vira, et le Montauk commença à avancer lentement vers la passe.

Ce mouvement fut un signal pour les Arabes, qui coururent par centaines sur les deux côtés du récif en criant et en gesticulant comme des furieux. Il fallait de bons nerfs et quelque confiance en soi-même pour avancer en face d’un tel danger, d’autant plus que les Barbares se montraient en plus grand nombre sur les rochers du côté du nord, qui leur offraient un bon abri, qui commandaient le canal, et qui étaient si près de l’endroit où on avait jeté l’ancre, qu’on aurait pu lancer une pierre d’un point à l’autre. Pour ajouter à ces désavantages, les Arabes commencèrent à faire feu avec ces longs mousquets qui rendent si peu de service dans un combat de près, mais qui sont connus pour porter avec précision à une grande distance. Les balles pleuvaient comme la grêle sur le bord, mais nos marins étaient protégés par la force et la hauteur des murailles de l’avant.

Dans cet embarras, le capitaine hésita s’il continuerait à se touer, et il appela près de lui M. Blunt et M. Leach pour leur demander leur