Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/388

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— Je fais mon possible, Monsieur. Je ne crois pas avoir été un très-grand pêcheur.

— Je l’espère ; mais Dieu peut pardonner au pénitent, quelque grandes qu’aient été ses offenses.

— Oui, Monsieur, je le sais, je le sais. Cette affaire a été si soudaine ! Je me suis même approché de la table de communion, Monsieur. Oui, ma mère m’a fait communier ; rien n’a été négligé, Monsieur.

John Effingham était souvent fier et despote dans ses relations avec les hommes, infériorité de la plupart de ses semblables à son égard, pour les principes comme pour l’intelligence, étant trop évidente pour ne pas influer sur l’opinion d’un homme qui ne s’étudiait pas habituellement à connaître ses propres faibles ; mais, par rapport à Dieu, il était d’ordinaire humble et soumis. L’orgueil spirituel ne faisait pas partie de son caractère, car il sentait ce qui lui manquait du côté des vertus chrétiennes, son principal défaut provenant de l’habitude de regarder les travers des autres plutôt que de s’appesantir trop sur son propre mérite. En se comparant à la perfection, personne n’aurait été plus humble ; mais en restreignant la comparaison à ceux qui entouraient, personne n’était plus fier, et à plus juste titre, si toutefois une pareille comparaison pouvait être permise. La prière chez lui n’était un exercice ni habituel, ni régulier, mais il ne rougissait pas de prier ; et quand il humiliait ainsi son esprit, c’était avec la force et l’énergie de son caractère. Il rougit de ces consolations faibles et vulgaires que M. Lundi s’efforçait de tirer de sa situation ; il vit l’illusion cruelle de cette substitution de simples formes à une véritable et solide piété, quoique en même temps, à la différence de la plupart de ses compatriotes, son esprit s’élevât au-dessus de ces exagérations étroites qui trop souvent changent l’innocence en péché, et l’homme religieux en sectaire, tout gonflé de sa droiture.

— Je vais prier avec vous, monsieur Lundi, dit-il en s’agenouillant au pied du lit du mourant ; nous demanderons ensemble la merci de Dieu, et il allégera ces doutes.

Lundi s’empressa de faire un signe d’assentiment, et John Effingham se mit à prier à haute voix ; ou du moins de manière à être entendu distinctement du moribond. La prière fut courte, belle et presque sublime d’expression, sans mélange de citations mystiques ou de jargon conventionnel ; mais c’était un appel fervent, direct, humble et général, à la miséricorde divine, en faveur de l’être qui se trouvait alors à l’extrémité. Un enfant aurait pu la comprendre,