Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/119

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ton l’apparence d’un parc. Une vallée profonde, large et bien nivelée, commençait à l’extrémité méridionale du lac, en face de l’endroit où étaient nos voyageurs, et s’étendait vers le sud jusqu’à ce qu’un coude de la chaîne de montagnes la dérobât aux yeux. De même que toutes les montagnes, cette vallée était verdoyante, bien peuplée, boisée en certains endroits, toutefois moins que les hauteurs, et l’on y apercevait tous les signes de la vie civilisée. Des chemins en traversaient les paisibles retraites, et l’œil pouvait les suivre jusqu’à plusieurs milles dans la vallée et sur les hauteurs.

À l’extrémité septentrionale de cette charmante vallée, et sur le bord du lac, était le village de Templeton, immédiatement sous les yeux des voyageurs. La distance en droite ligne, de l’endroit où ils étaient, jusqu’au centre des maisons, ne pouvait être beaucoup moindre d’un mille ; mais l’atmosphère était si pure et le temps si calme, qu’elle semblait beaucoup moins considérable. Ils pouvaient distinguer les enfants et même les chiens qui couraient dans les rues, et les cris des enfants qui étaient à jouer arrivaient distinctement jusqu’à leurs oreilles. Comme ce village était le Templeton des Pionniers, et que les progrès de la société pendant un demi-siècle se rattachent à cette circonstance, nous donnerons au lecteur une idée plus exacte de ce qu’il était alors, que celle qu’il pourrait s’en former d’après des traits détachés. Nous le faisons d’autant plus volontiers que ce n’est pas une de ces places qui, contre toutes les lois de la nature, ont crû en un jour par les efforts des spéculateurs, ou qui, favorisées par des avantages particuliers pour le commerce, deviennent une ville précoce pendant que les souches des arbres abattus sont encore dans les rues. C’était un village tranquille, qui s’était avancé pari passu comme la contrée qui l’environnait, et il offrait un échantillon des progrès réguliers faits par toute la nation vers la civilisation. Templeton, vu de la hauteur où étaient nos voyageurs, paraissait comme un plan en relief, et offrait en général un bel aspect.

Il pouvait s’y trouver une douzaine de rues dont la plupart se croisaient à angles droits, quoique cela ne fût pas assez universel pour lui donner un air d’uniformité monotone. La plus grande partie des bâtiments étaient peints en blanc, comme c’est l’usage dans les petites villes d’Amérique, quoiqu’un meilleur goût commençât à s’introduire dans ce village, et que plusieurs maisons conservassent la teinte plus grave des pierres grises dont elles étaient construites. On y voyait régner un air d’aisance et de pro-