Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/140

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blesser. — Mademoiselle Viefville, permettez-moi de vous demander comment vous trouvez cette maison ?

Mais c’est un petit château.

Un château effinghamisé, dit Ève en riant.

— L’opinion générale dans cette partie du pays, dit Aristobule, est que M. John Effingham a fait ses changements d’après le plan de quelque édifice d’Europe ; mais j’ai oublié le nom du temple qu’on cite : ce n’est pourtant ni celui de Minerve ni le Panthéon.

— J’espère du moins, dit M. Effingham en s’avançant sur la petite pelouse, que ce ne sera pas le temple des Vents.


CHAPITRE XI.


Oui, j’irai. — Que je meure de mélancolie si je perds un grain de ce divertissement.
Shakespeare.



Les progrès de la société en Amérique ont été marqués par plusieurs particularités qui ne se retrouvent pas dans l’avancement plus régulier et plus méthodique des autres parties du monde dans la carrière de la civilisation. D’une part, les arts de la vie, comme Minerve qu’un seul coup fit sortir du cerveau de son père, se sont montrés tout à coup en pleine maturité, comme l’héritage légitime des colons ; tandis que, de l’autre, tout tend à établir, sous le rapport de la qualité, une médiocrité qui est la suite des institutions. Tout ce qu’Ève avait vu pendant cette journée l’avait frappée comme étant de cette nature mixte, qui, sans avoir rien de vulgaire, était bien loin des idées de perfection qu’elle devait à son éducation européenne. Cependant, dans le wigwam, comme il avait plu à son cousin de nommer la maison de son père, il y avait plus d’ensemble, et l’on donnait plus d’attention à ces petits détails qu’elle s’était habituée à regarder comme essentiels aux aises de la vie et à l’élégance. Elle était donc plus satisfaite de sa demeure future que de tout ce qu’elle avait vu jusqu’alors en Amérique.

Comme nous avons déjà eu occasion de décrire l’intérieur de