Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notre honnête et vieux capitaine à cœur de lion. Et maintenant, pour vous prouver que je sens le mérite de votre compliment, et que j’en suis reconnaissante, j’agirai sans façon en vous priant de prendre le capitaine Truck sous votre soin spécial tant qu’il restera ici. Mon père et mon cousin sont ses amis sincères ; mais leurs habitudes ne se rapprochent probablement pas des siennes autant que les vôtres. C’est donc à vous que je le confie, et je vous prie de faire en sorte qu’il regrette le moins possible son bâtiment et l’Océan.

— Je voudrais savoir comment m’acquitter de cette mission, miss Effingham. Être marin n’est pas toujours une recommandation près des personnes polies, intelligentes et bien élevées.

— Mais quand on est poli, intelligent et bien élevé, être marin ne fait qu’ajouter une branche de connaissances utiles à celles qu’on possède déjà. Je suis certaine que le capitaine sera en bonnes mains. Et maintenant j’irai remplir aussi mon devoir en me rendant près des dames.

Ève le salua en passant devant lui, et sortit du salon aussi rapidement qu’elle le pouvait convenablement. Paul resta immobile quelques instants après son départ, et il ne sortit de sa rêverie que lorsque le capitaine Truck l’appela, pour qu’il le soutînt dans quelques-unes de ses opinions sur l’Angleterre contre les idées visionnaires que M. Howel avait puisées dans les livres.

— Qui est ce M. Powis ? demanda mistress Bloomfield à Ève, quand celle-ci entra dans son cabinet de toilette, avec un air d’impatience et de curiosité qui ne lui était pas ordinaire.

— Ne savez-vous pas, ma chère mistress Bloomfield, qu’il était notre compagnon de voyage sur le Montauk, et qu’il nous a rendu des services infinis en nous aidant à échapper aux Arabes ?

— Je sais tout cela. Mais est-il Européen ou ne l’est-il pas ?

Ève ne s’était jamais trouvée plus embarrassée qu’elle ne le fut pour répondre à cette question bien simple.

— Je ne crois pas qu’il le soit ; nous pensions qu’il l’était quand nous le rencontrâmes en Europe, et même pendant toute la traversée ; mais, depuis son arrivée, il a avoué qu’il est notre compatriote.

— Y a-t-il longtemps qu’il est ici ?

— Il y était avant nous. Il venait du Canada, et il attendait son cousin, le capitaine Ducie, qui est venu avec vous.

— Son cousin ! il a donc des cousins anglais ? M. Ducie, avec