Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/242

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me paraît avoir été élevé d’une manière supérieure à sa profession.

— M. Powis a beaucoup voyagé. Quand nous l’avons rencontré en Europe, c’était dans un cercle particulièrement propre à former l’esprit et les manières d’un jeune homme.

— En Europe ! Vous n’avez donc pas fait connaissance avec lui comme avec sir George Templemore, à bord du paquebot ?

— Notre connaissance avec aucun d’eux n’a commencé sur le paquebot. Mon père les avait vus tous deux très-souvent pendant notre séjour dans différentes parties de l’Europe.

— Et la fille de votre père ?

— Et la fille de mon père aussi, répondit Ève en souriant. Nous avons fait connaissance avec M. Powis dans des circonstances particulières qui nous ont laissé un vif souvenir de son courage et de ses talents. Il nous a rendu presque le même service sur un des lacs de la Suisse qu’ensuite sur l’Océan.

Tout cela était nouveau pour mistress Bloomfield, et, à son air, il était facile de voir que ces nouvelles l’intéressaient. En ce moment la cloche du dîner sonna, et toute la compagnie arriva successivement dans le salon. Tandis que M. Effingham offrait le bras à mistress Hawker pour la conduire dans la salle à manger, mistress Bloomfield prit gaiement celui d’Ève, en disant que, du moins pour le premier jour, elle se croyait le droit de prendre une place à côté de la jeune maîtresse du wigwam.

— M. Powis et sir George n’auront-ils pas une querelle pour l’honneur de la seconde ? demanda-t-elle à Ève à demi-voix en se rendant dans la salle à manger.

— Vous êtes dans une grande erreur, mistress Bloomfield. Sir George est beaucoup plus content de pouvoir se placer près de ma cousine Grace.

— Cela est-il possible ? demanda son amie en la regardant attentivement.

— Rien n’est, plus vrai, et je suis très-charmée de pouvoir vous l’affirmer. Jusqu’à quel point miss Van Courtlandt en est-elle charmée, c’est ce que le temps nous apprendra ; mais le baronnet laisse voir chaque jour et tout le long du jour qu’il n’est jamais plus heureux que lorsqu’il lui est permis d’être près de ma cousine.

— Il a donc moins de goût, de jugement et d’intelligence que je ne l’avais cru ?

— Cela ne s’ensuit pas nécessairement, ma chère mistress