Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/338

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dit John Effingham, car on n’a certainement jamais vu une anglomanie plus prononcée que celle que mon bon ami Howel montre ce soir, et j’espère que votre éloquence pourra lui faire perdre quelques-unes de ces idées contre lesquelles toute ma logique a échoué.

— J’ai peu d’espoir de succès, quand M. John Effingham n’a pu réussir.

— Je n’en sais rien, car, de manière ou d’autre, Howel s’est mis dans la tête que je suis ennemi de l’Angleterre, et il écoute avec méfiance tout ce que je dis de ce pays.

— M. John emploie habituellement de fortes expressions, Madame, dit M. Howel, et il faut avoir égard à la circonstance que son vocabulaire n’en contient pas de plus modérées. Cependant, pour parler franchement, j’avoue qu’il paraît prévenu contre cette grande nation.

— Quel est le point en controverse, Messieurs ? demanda mistress Bloomfield en s’asseyant.

— Voici, Madame, une Revue, publiée en Angleterre, contenant un article sur un ouvrage américain tout récent. Je soutiens que l’auteur de cet ouvrage y est écorché vif, tandis que M. John prétend que le critique ne fait que montrer sa rage, parce que l’ouvrage a un caractère national, et est contraire aux idées et aux intérêts de l’Angleterre.

— Je proteste contre cet exposé de l’affaire ; car j’affirme que le critique fait plus que montrer sa rage, puisqu’il montre en même temps sa sottise, son ignorance et sa mauvaise foi.

— J’ai déjà lu cet article, dit mistress Bloomfield après avoir jeté les yeux sur la Revue, et je dois avouer que mon opinion est entièrement conforme à celle de M. John Effingham.

— Mais ne savez-vous pas, Madame, que cette Revue est sous la protection spéciale de toute la noblesse d’Angleterre, et que tous les gens en place dans ce pays la préfèrent à toute autre ? On dit que des évêques y mettent des articles !

— Je sais que c’est un ouvrage dont le but spécial est de soutenir un des systèmes les plus factices qui aient jamais existé, et qu’il sacrifie tout pour y arriver.

— Vous m’étonnez, mistress Bloomfield. Les premiers écrivains de la Grande-Bretagne figurent dans ses pages.

— D’abord, c’est ce dont je doute beaucoup ; mais, même en admettant le fait, il ne déciderait pas la question. Quoiqu’un