Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/339

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homme ayant de la réputation puisse écrire un article pour une Revue, l’article suivant peut être écrit par un homme qui n’en a aucune. Les principes des collaborateurs d’une Revue sont aussi différents que leurs talents.

— Mais l’éditeur est une garantie pour tout l’ouvrage ; et l’éditeur de cette Revue est lui-même un écrivain distingué.

— Un écrivain distingué peut être un grand misérable, et un fait vaut mille conjectures sur un pareil sujet. Mais nous ne savons pas qu’il y ait un éditeur responsable pour des ouvrages de ce genre, car aucun nom ne figure sur le titre, et rien n’est si commun que d’entendre des plaintes vagues sur ce manque de responsabilité. Mais si je vous prouve que cet article ne peut avoir été écrit par un homme ayant tant soit peu d’honneur, monsieur Howel, que direz-vous de la responsabilité de votre éditeur ?

— En ce cas, je serai forcé d’admettre qu’il n’a pas examiné cet article.

— Il admettra tout, plutôt que d’abandonner son idole chérie, dit John Effingham. Que n’ajoutez-vous du moins, ou que l’éditeur est un aussi grand coquin que le critique ?

— Quoi qu’il en soit, je suis charmée que Tom Howel soit tombé en si bonnes mains, dit mistress Bloomfield. Ne l’épargnez pas, je vous prie, monsieur John.

Nous avons dit que mistress Bloomfield avait une perception rapide des choses et des principes, qui allait presque jusqu’à l’intuition. Elle avait lu l’article en question, et, en parcourant les pages, elle y avait trouvé, presque dans chaque phrase, des impostures et des faussetés. Cependant l’écrivain n’avait pas mis beaucoup d’adresse à les accumuler ; il avait évidemment compté sur la facilité que montraient ses lecteurs ordinaires à se contenter de ses assertions sans preuves, et il y avait inséré tant d’absurdités, qu’à moins d’avoir la foi nécessaire pour faire marcher les montagnes, on devait nécessairement douter de sa véracité. Mais M. Howel appartenait à une autre école, et il était tellement habitué fermer les yeux sur les faussetés grossières que mistress Bloomfield avait reconnues du premier coup d’œil, qu’un mensonge auquel il aurait refusé d’ajouter foi, s’il l’avait trouvé dans un autre ouvrage, placé dans cette Revue, prenait à ses yeux toute la dignité de la vérité.

Mistress Bloomfield prit un article de la Revue en question, et