Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/353

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la circonstance de famille doive influer sur le mariage en Amérique, quand les parties se conviennent sur les points principaux, c’est de s’assurer que ni l’un ni l’autre ne sera placé dans une société qui répugne à ses goûts et à ses habitudes. Une femme surtout ne doit jamais être transplantée d’un cercle poli dans un cercle grossier ; car, quand cela arrive, si la femme a été réellement bien élevée, elle court le risque de sentir se refroidir son affection pour son mari. Ce grand point assuré, je ne vois rien qui doive causer de l’inquiétude à un père.

— Powis malheureusement n’a point de parents dans ce pays, aucun qu’il connaisse du moins, et ceux qu’il a en Angleterre sont d’une condition à lui faire honneur.

— J’ai causé avec lui sur ce sujet, et il m’a montré des sentiments si convenables, qu’il s’est élevé encore plus haut dans mon estime. Je connais sa famille paternelle, et je crois même que je dois avoir connu son père, quoiqu’il y eût deux ou trois Assheton qui portassent le prénom de John. C’est une famille très-respectable des États de l’extérieur, et qui faisait autrefois partie de l’aristocratie coloniale. La mère de John Effingham était une Assheton.

— Du même sang, croyez-vous, mon père ? Je m’en suis souvenue quand M. Powis m’apprit le nom de son père, et j’avais dessein de questionner mon cousin John sur ce sujet.

— Maintenant que vous m’en parlez, Ève, il doit exister quelque parenté entre eux. Croyez-vous que notre cousin sache que Paul est, par le fait, un Assheton ?

— Je ne lui en ai jamais parlé, mon père.

— Sonnez, et nous nous assurerons jusqu’à quel point ma conjecture est vraie. Il est impossible, ma chère enfant, qu’une fausse délicatesse vous empêche de faire connaître à John votre engagement.

— Mon engagement, mon père !

— Oui, votre engagement, car je le regarde déjà comme tel. Je me suis hasardé à promettre en votre nom votre main et votre foi à Paul, et je vous rapporte en retour autant de protestations de son bonheur et de sa constance éternelle qu’une fille raisonnable puisse en désirer.

Ève regarda son père d’un air mêlé de reproche et de tendresse, car il lui sembla que, dans cette occasion, il avait agi avec trop de la précipitation de son sexe. Cependant supérieure à la coquet-