Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/38

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— Sûrement, Ève, vous ne voudriez pas conduire sir George Templemore dans une maison comme celle de mistress Jarvis ?

— Je ne veux conduire sir George nulle part ; car vos hadgis ont des idées qui leur sont propres sur de tels sujets mais comme mon cousin John nous accompagnera, il peut fort bien lui accorder cette faveur importante. J’ose dire que mistress Jarvis ne croira pas qu’il prend trop de liberté.

— Je puis vous en répondre. Rien de ce que peut faire M. John Effingham ne sera regardé comme déplacé par mistress Jared Jarvis. Il occupe dans la société une position trop bien établie, et celle de cette dame est trop équivoque pour laisser aucun doute à ce sujet.

— Voilà qui décide la question des coteries, dit Ève au baronnet. On pourrait écrire des volumes pour établir les principes ; mais quand un homme peut faire tout ce qu’il lui plaît, et aller où bon lui semble, on peut dire, sans craindre de se tromper, qu’il est privilégié.

— Cela est très-vrai quant au fait, miss Effingham ; mais j’aimerais beaucoup d’en savoir la raison.

— De pareilles choses se décident souvent sans aucune raison.

— Vous êtes un peu exigeant en demandant à New-York une raison pour ce qu’on fait à Londres sans en avoir aucune. Il suffit que mistress Jarvis sera enchantée de vous voir sans invitation, et que mistress Houston croirait du moins un peu étrange que vous prissiez la même liberté avec elle.

— Il s’ensuit, dit sir George en riant, que mistress Jarvis est celle des deux qui a le plus d’hospitalité.

Et que ferons-nous du capitaine Truck et de M. Bragg ! Ève ? demanda Grace ; nous ne pouvons les conduire chez mistress Hawker.

— Il est vrai qu’Aristobule serait un peu hors de sa sphère dans une telle maison ; mais quant à l’excellent, brave et honnête capitaine, il ne peut être déplacé nulle part. Je serai enchantée de le présenter moi-même à mistress Hawker.

Après une courte consultation entre les deux cousines, il fut décidé qu’on ne parlerait pas des deux premières visites à M. Bragg, mais qu’on prierait M. Effingham de l’amener au bal à l’heure convenable, et que le reste de la compagnie partirait sans avoir rien dit du projet qui venait d’être arrêté. Dès que cet arrangement eut été convenu, les dames se retirèrent pour faire leur toi-