lette, et sir George passa dans la bibliothèque pour s’amuser à lire ; mais John Effingham ne tarda pas à aller l’y joindre. Le baronnet fit retomber la conversation sur les distinctions dans la société, et il parla sur ce sujet avec cette confusion d’idées qui caractérise les Européens quand ils veulent appliquer leurs principes à l’Amérique.
CHAPITRE IV.
race Von Courtlandt fut la première à reparaître après la
retraite générale du salon. On a dit bien souvent que, quelque
jolies que soient incontestablement les Américaines, elles le paraissent
au total encore plus en demi-toilette que lorsqu’elles sont
parées pour un bal. Elles connaissent peu ce qu’on appellerait
grande parure dans les autres parties du monde ; mais, faisant le
contraire de ce qui se pratique en Europe, où les femmes mariées
se costument avec le plus grand soin, tandis qu’on recommande
aux jeunes personnes une stricte simplicité dans leur mise, Grace
parut alors suffisamment parée aux yeux difficiles du baronnet,
tandis qu’il pensait en même temps qu’elle méritait moins que la
plupart de ses jeunes compatriotes l’observation critique que
nous venons de faire.
Un embonpoint qui n’était que suffisant pour la distinguer d’un grand nombre de ses compagnes, de belles couleurs, des yeux brillants, un sourire plein de douceur, des cheveux superbes, des mains et des pieds comme sir George s’était imaginé, sans savoir pourquoi, que des filles de pairs et de princes pouvaient seules en avoir, rendaient Grace ce soir-là si particulièrement attrayante, que le jeune baronnet commença sérieusement à la trouver plus belle que sa cousine même. Il y avait aussi dans la simplicité naturelle de Grâce un charme singulièrement séduisant pour un homme élevé au milieu de la froideur et du maniérisme des hautes classes d’Angleterre. Mais cette simplicité était modifiée en elle par la réserve et la retenue ; car les manières