Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/384

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mérage, près de ceux qui l’avaient jusqu’alors occupée tête à tête.

— Eh bien ! Messieurs, dit mistress Abbot aussitôt que tout le monde fut assis, après les petites politesses d’usage, voici des nouvelles merveilleuses. M. Powis est devenu M. Effingham, et il paraît que miss Effingham va devenir mistress Effingham. Les miracles ne cesseront jamais, et je regarde celui-ci comme un des plus surprenants de mon temps.

— Précisément, Madame, répondit le commodore en clignant de l’œil, et en faisant un geste avec le bras suivant sa coutume, et votre temps doit compter pour plus d’un jour. M. Powis a lieu de se réjouir d’être le héros d’une telle histoire. Quant à moi, je n’aurais pas été plus surpris si j’avais pris le sogdollader avec un hameçon à truite, amorcé seulement d’une pelure de fromage.

— J’entends dire, continua la dame, qu’on doute, après tout, que ce miracle soit un véritable miracle. On prétend que M. Powis n’est ni M. Powis, ni M. Effingham, et que c’est un M. Blunt. Savez-vous quelque chose à ce sujet, capitaine Truck ?

— Il m’a été présenté sous ces trois noms, Madame, et je le regarde comme une connaissance sous chacun d’eux. Je puis vous assurer en outre qu’il est A no 1, à quelque bordée que vous le preniez, et que c’est un homme qui sait garder la barre au vent au milieu de ses ennemis.

— Eh bien ! quant à moi, je ne regarde pas comme une grande recommandation d’être A no 1, ou no 2, ni d’avoir des ennemis. J’ose dire que vous, monsieur Dodge, vous n’avez pas un ennemi au monde.

— Je serais bien fâché de croire en avoir, mistress Abbot. Je suis l’ami de tout le monde, et particulièrement du pauvre, et par conséquent je pense que chacun doit être mon ami. Je regarde toute la famille humaine comme composée de frères, et tous les hommes doivent vivre ensemble comme tels.

— Cela est très-vrai, Monsieur, — tout à fait vrai. Nous sommes tous pécheurs, et chacun de nous doit voir avec indulgence les fautes des autres. Qu’importe qui épouse miss Effingham ? ce n’est pas mon affaire. — Ce n’est pas notre affaire, dis-je, monsieur Dodge ; mais, si elle était ma fille, je n’aimerais pas qu’elle eût trois noms de famille, et qu’elle conservât le sien par-dessus le marché.

— Les Effingham portent la tête très-haute, — reprit l’éditeur, — quoiqu’il ne soit pas facile de dire pourquoi ; mais c’est un