Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/47

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Effingham, et les compliments qu’elle leur prodigua, ainsi que son air de ravissement, annoncèrent évidemment à tous ceux qui étaient près d’elle l’importance qu’elle attachait à une telle visite. Elle ne reconnut pas d’abord mademoiselle Viefville sous le costume qu’elle portait ; mais, dès qu’elle se la rappela, elle l’accabla de protestations du plaisir qu’elle avait à la voir.

— Je désire particulièrement, dit Ève dès qu’elle trouva l’occasion de parler, vous présenter un ami dont nous faisons tous le plus grand cas. Voici M. Truck, capitaine du Montauk, bâtiment dont vous avez entendu parler. — Ah ! monsieur Jarvis, s’écria-t-elle en lui tendant la main avec amitié, car elle le connaissait depuis son enfance, et elle avait toujours eu pour lui autant de respect que d’estime ; je suis sûre que vous ferez à mon ami l’accueil le plus cordial.

Ève expliqua à M. Jarvis en peu de mots les obligations qu’ils avaient à l’honnête capitaine, et le maître de la maison, après avoir salué ses autres hôtes, prit à part le vieux marin, et commença avec lui une conversation sur son dernier voyage.

John Effingham présenta le baronnet, et mistress Jarvis, quoiqu’elle ignorât quel rang il occupait dans son pays, le reçut avec tous les égards possibles.

— Je crois que nous n’avons pas en ville en ce moment beaucoup de gens distingués par leurs talents, dit mistress Jarvis à John Effingham. Un grand voyageur, un homme très-intéressant, est le seul que j’aie pu obtenir pour cette soirée, et j’aurai beaucoup de plaisir à vous le faire connaître. — Il est là, au milieu de cette foule, car chacun veut l’entendre. Il a vu tant de choses ! – Mistress Show, avec votre permission. — En vérité, les dames se pressent autour de lui comme si c’était un Pawnée. — Monsieur Effingham, miss Effingham, ayez la bonté de venir de ce côté. — Mistress Show, touchez-lui seulement le bras pour l’informer que je désire lui présenter une couple d’amis. — Bien ! Monsieur Dodge, je vous présente M. John Effingham, miss Ève Effingham et miss Van Courtlandt. — Miss Ève, miss Grace, j’espère que vous pourrez réussir à l’accaparer quelques instants, car il peut vous dire mille choses sur l’Europe : — il a vu le roi de France partir pour Neuilly, et il a une connaissance prodigieuse de tout ce qui se passe de l’autre côté de l’eau.

Ève eut besoin de toute l’habitude qu’elle avait d’exercer de l’empire sur elle-même pour supprimer un sourire, mais elle eut