Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/87

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et ce jeune alphabet, miss D. 0. V. E. ? Il est entouré d’un cercle de cotillons, et il sera crucifié sur un soupir.

— Il jette un regard de ce côté ; il semble désirer que vous alliez à son secours, Pith.

— Moi ! qu’il se repaisse de sentiment tout à son aise ; je ne suis pas homœopatbe en ce genre. De forces doses, souvent réitérées, opéreront plus tôt une cure. — Mais voici le lion qui vient de ce côté ; il sort de sa cage avec l’air d’un animal qu’on a courroucé avec un bâton à travers les barreaux.

— Bonjour Messieurs, dit le capitaine Truck, s’essuyant le front et se réfugiant dans le premier port qui s’offrait à lui, après avoir échappé à une cohue d’admirateurs. Vous paraissez jouir de vous-mêmes ici d’une manière raisonnable, et il fait dans ce coin une fraîcheur délicieuse, comme j’espère d’être sauvé.

— Et cependant, Monsieur, répondit M. Pith, nous ne doutons pas que notre raison et nos jouissances ne gagnent beaucoup à votre compagnie. Faites-nous le plaisir de prendre un siège, et reposez-vous.

— De tout mon cœur, Messieurs car, pour dire la vérité, un étranger assailli par vingt femmes trouve que c’est chaude besogne. Je viens de me tirer à l’instant de ce que j’appelle une catégorie.

— Du moins vous vous êtes échappé, Monsieur, dit Pindare ; et c’est un bonheur qui n’arrive pas à tout lion mis en cage.

— Oui, grâce à Dieu, j’y ai réussi, et c’est à peu près tout ce que j’ai fait, dit le capitaine s’essuyant encore le visage. — J’ai servi dans la guerre de France, la guerre de Truxton, comme nous l’appelons ; — je me suis peloté avec les Anglais à bord d’une lettre de marque ; — tout récemment encore j’ai eu une rencontre avec des sauvages arabes sur la côte d’Afrique ; — mais je regarde tout cela comme des combats à coups de boules de neige, en comparaison de la chaude attaque de cette nuit. – Je voudrais savoir s’il est permis de fumer un cigare dans ces conersazioni ?

— Je le crois, Monsieur, répondit Pindare avec le plus grand sang-froid. Désirez-vous une bougie ?

— Oh ! monsieur Truck ! s’écria mistress Légende, découvrant le fugitif dans la retraite qu’il avait trouvée ; c’est l’instinct qui vous a conduit dans cette bonne compagnie. Vous êtes à présent dans le vrai foyer des talents américains. Il faut que vous me permettiez de vous présenter moi-même. – Monsieur Pindare,