Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/88

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monsieur Pith, monsieur Gray, monsieur est M. Truck. — Vous devez être charmés de vous connaître, Messieurs, puisque vous vous occupez tous du même objet.

Le capitaine se leva, et leur serra cordialement la main tour à tour. Il avait du moins la consolation d’avoir été présenté à beaucoup de monde pendant le cours de cette soirée. Mistress Légende disparut pour aller dire quelque chose de spirituel à quelque autre prodige.

— Enchanté de me trouver avec vous, Messieurs, dit le capitaine. Dans quels parages naviguez-vous ?

— Quelque nom que nous leur donnions, répondit Pindare, il est rare que nous ayons le vent en poupe.

— Ce n’est donc pas dans les Indes, car les vents moussons maintiendraient au moins les bonnettes.

— Non, Monsieur, mais voilà là-bas M. Moccassin, qui s’est lancé depuis peu, secundùm artem, dans le commerce de ce pays ; il a déjà fait deux romans dont la scène se passe dans l’Inde, et un troisième est sur le tapis.

— Êtes-vous tous régulièrement employés, Messieurs ?

— Aussi régulièrement que le permet l’inspiration, répondit M. Pith. Les gens qui font notre métier doivent attendre le beau temps, ou il vaut mieux ne rien faire.

— C’est ce que je dis souvent à mes armateurs ; mais « partir ! » est l’ordre du jour. Quand j’étais jeune, un bâtiment restait dans le port pour attendre un vent favorable ; mais à présent il faut tirer parti de quelque vent qu’il fasse. Il me semble que le monde rajeunit à mesure que je vieillis.

— Voilà un singulier littérateur, Gray, dit Pindare à demi-voix. C’est évidemment une mystification. La pauvre mistress Légende a ramassé quelque veau marin jeté sur la côte, et par un coup de sa baguette magique, l’a métamorphosé en un Boanerges de la littérature. Cela est aussi clair que le jour, car ce brave homme sent le goudron et le tabac. – Mais je vois M. Effingham rire du coin de l’œil en nous regardant. Je vais traverser le salon, et dans une minute je saurai la vérité.

Le poëte lyrique exécuta son projet. Il fut bientôt de retour, et il mit ses amis au fait de toute l’affaire. La connaissance qu’ils avaient alors de la véritable profession du capitaine leur inspira le désir bienveillant d’aider le vieux marin à fumer comme il le