Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

publics[1] ; mais ce n’était qu’une bagatelle en comparaison de ce que vous verrez ici.

En parlant ainsi, John Effingham fit entrer le baronnet dans le bureau des plus célèbres auctioneer[2] de la ville. Les murs en étaient tapissés de plans de maisons, de lots de terre, de rues, et même de villes.

— C’est ici le foyer de ce que M. Aristobule Bragg appelle le commerce de villes, dit John Effingham quand ils furent au milieu de toutes ces merveilles. Vous pouvez trouver ici telle espèce de propriété foncière que votre cœur peut désirer. Voulez-vous une ville, il y en a une douzaine ; une ferme, vous en trouverez une centaine. Il y a aussi des rues et des villages de toute grandeur et à tout prix, pour convenir à toutes les bourses.

— Expliquez-vous, car cela passe ma compréhension.

— C’est tout simplement ce que je vous dis. — Monsieur Hammer, un mot, s’il vous plaît : que vendez-vous aujourd’hui ?

— Peu de chose, Monsieur ; seulement une couple de centaines de lots de terre dans cette île, sept à huit fermes, et un petit village à l’ouest.

— Pouvez-vous nous faire l’histoire de la propriété représentée sur ce plan, monsieur Hammer ?

— Avec grand plaisir, monsieur Effingham. Je sais que vous avez le moyen d’acheter, et j’espère que vous vous y déciderez. Ce domaine appartenait il y a cinq ans au vieux Volker Van Brunt : c’était une ferme où sa famille et lui avaient vécu plus d’un siècle en vendant du lait. Il y a deux ans, son fils la vendit à Pierre Feeler, à raison de cent dollars l’acre, faisant au total cinq mille dollars. Le printemps suivant, M. Feeler vendit ce domaine vingt-cinq mille dollars à John Search, homme aussi fin qu’il en existe, et qui le vendit à son tour, la semaine suivante, à Nathan Rise cinquante mille. Rise, avant même de l’avoir acheté, l’avait revendu à une compagnie cent douze mille dollars, argent comptant. On aurait dû retirer ce plan, car il y a huit mois que nous avons vendu ce domaine à l’encan par lots séparés, et la vente a produit trois cent mille dollars. Comme nous avons reçu notre commission, nous regardons la propriété comme n’étant plus à vendre, quant à présent.

  1. Depuis quelques années, les joueuses ont été expulsées de l’intérieur de la Bourse.
  2. Nom qu’on donne en Angleterre et en Amérique à ceux qui vendent à l’encan des biens mobiliers et immobiliers.