Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/151

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— Seulement trois, Lundie ; si vous en comptez quatre, vous affaiblirez notre ancienne amitié.

— Comptez-les comme il vous plaira, Davy, et vous en trouverez plus que votre part légitime, Nous avons donc passé notre vie bien différemment, du moins sous le rapport du mariage : vous devez en convenir, mon ancien ami.

— Et quel est celui qui y a le plus gagné, major, à parler aussi franchement que lorsque nous étions enfants ?

— Je ne désire rien cacher. J’ai passé ma vie dans un espoir différé, et la vôtre s’est écoulée…

— Non dans un espoir réalisé, major Duncan ; je vous l’assure sur mon honneur. À chaque nouvelle épreuve, j’ai cru mieux réussir, mais l’homme est né pour le désappointement. Ah ! tout est vanité dans ce monde, Lundie, et il n’y a en rien plus de vanité que dans le mariage.

— Et cependant vous êtes prêt à passer votre cou dans le nœud coulant pour la cinquième fois.

— Je désire vous faire observer que ce ne sera que la quatrième, major, — dit le quartier-maître, et sa physionomie s’animant en même temps de tout l’enthousiasme d’un jeune homme, il ajouta : — Mais cette Mabel Dunham est un rara avis. Nos filles d’Écosse sont jolies, agréables ; mais il faut convenir qu’elles sont bien au-dessous de celles de ces colonies.

— Vous ferez bien de vous rappeler votre commission et votre sang, Davy. Je crois que toutes vos quatre femmes…

— Je voudrais, mon cher Lundie, que vous fussiez un peu plus fort en arithmétique. Trois fois un font trois.

— Eh bien ! toutes trois étaient, je crois, des femmes d’un sang particulièrement bon.

— Précisément, toutes trois, comme vous le dites, étaient de bonnes familles, et les alliances étaient sortables.

— Et la première de toutes étant fille du jardinier de mon père, cette alliance ne l’était pas. Mais ne craignez-vous pas, en épousant la fille d’un sous-officier qui sert dans le même corps que vous, de voir diminuer votre importance dans le régiment ?

— Ce dont vous parlez a été mon côté faible toute ma vie, major Duncan ; car je me suis toujours marié sans égard pour les conséquences. Chacun à son péché favori, et je crois que le mariage est le mien. — Mais à présent que nous avons discuté ce qu’on peut appeler les principes de l’alliance, je vous demanderai