Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/173

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enfin on discuta à demi-voix la question de savoir s’il convenait qu’une si belle parure passât en la possession de la fille d’un sous-officier.

— Vous serez peut-être disposée à vendre cette calèche, Mabel, quand vous l’aurez eue quelques jours en votre possession, — dit la femme du capitaine, — car vous ne pouvez jamais la porter.

— Il est possible que je ne la porte pas, Madame, — répondit notre héroïne avec modestie, — mais je n’ai pas dessein de la vendre.

— J’ose dire que le sergent Dunham ne vous met pas dans la nécessité de vendre vos vêtements, mon enfant ; mais cependant c’est de l’argent perdu que de conserver une parure que vous ne pouvez jamais porter.

— J’aime à conserver le présent d’un ami, Madame.

— Mais le jeune homme n’en aurait que meilleure opinion de vous, pour votre prudence, quand il aura oublié son triomphe d’un jour. C’est une jolie calèche, et il ne faut pas qu’elle soit perdue.

— Je n’ai pas dessein de la perdre, Madame, mais je désire la garder.

— Comme il vous plaira, mon enfant. Les filles de votre âge négligent souvent leur avantage réel. Souvenez-vous pourtant, si vous vous déterminez à disposer de cette calèche, qu’elle est retenue, et que je ne la prendrai pas si vous l’avez portée une seule fois.

— Oui, Madame, — répondit Mabel de la voix la plus douce possible, quoique ses yeux brillassent comme des diamants, et que ses joues eussent pris la teinte de deux roses, tout en plaçant la calèche sur sa tête, comme pour l’essayer ; et au bout d’une minute elle l’en retira.

Le reste du divertissement n’offrit rien d’intéressant. On tira en général assez bien, mais les compétiteurs n’étaient pas comparables à ceux qui les avaient précédés, et ils furent bientôt abandonnés à eux-mêmes, car les dames et les officiers s’étant retirés, les autres femmes et le reste des spectateurs suivirent leur exemple. Mabel s’en retournait le long des petits rochers qui bordent le lac, portant sa jolie calèche sur un doigt encore plus joli ; quand Pathfinder la rencontra, il portait encore le fusil dont il venait de se servir, mais il n’avait pas l’air d’aisance fran-