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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/241

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— Cela peut réussir sur l’eau salée, frère Cap, mais il en sera difficilement de même sur l’eau douce. Plutôt que de voir les hommes que je commande jetés sur la côte du Canada, je regarderai comme mon devoir de lever les arrêts auxquels j’ai mis Jasper.

— Pour qu’il nous conduise dans le port de Frontenac ? Non, mon frère, non. Le Scud est en bonnes mains, et il apprendra quelque chose de la navigation. Nous avons du large ; et il n’y a qu’un fou qui pourrait songer à s’approcher d’une côte par le vent qu’il fait. Je virerai de bord à chaque quart, et alors nous serons à l’abri de tout danger, sauf la dérive ; et avec un bâtiment léger comme celui-ci, ayant des bords plus élevés et n’étant pas chargé du haut, ce dernier péril n’est presque rien. Reposez-vous sur moi, sergent, et je vous garantis sur la réputation de Charles Cap que tout ira bien.

Le sergent Dunham fut obligé de céder. Il avait une grande confiance dans les connaissances nautiques de son beau-frère, et il espéra qu’il donnerait tous ses soins au cutter, et qu’il justifierait ainsi la bonne opinion qu’il avait conçue de lui. D’ailleurs comme la confiance croît en se nourrissant de ce qui l’a fait naître, il avait alors une telle crainte d’une trahison, qu’il aurait confié n’importe à qui, de préférence à Jasper, le salut du cutter et de tout ce qu’il portait. La vérité nous oblige en outre à faire connaître un autre motif de sa conduite. Le service dont il avait à s’acquitter aurait dû être confié de droit à un officier, et le major Duncan avait causé beaucoup de mécontentement parmi ceux de son corps en en chargeant un homme qui n’avait que l’humble grade de sergent. Dunham sentait donc que son retour à Oswego sans avoir même atteint le point de sa destination porterait à sa réputation un coup dont elle se relèverait difficilement, et que ce serait un motif pour donner son commandement à un officier d’un grade supérieur.