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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/360

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pouvant à peine la quitter, tant était pressant l’intérêt qu’elle prenait aux progrès du feu. Les flammes s’élevant peu à peu finirent par briller si près de ses yeux qu’elles l’obligèrent à se retirer. Au moment où elle venait de chercher un refuge à l’extrémité opposée de la chambre, un sillon de flammes pénétra par la meurtrière qu’elle n’avait pas fermée, et éclaira tout l’appartement avec Mabel et son désespoir. Notre héroïne supposa alors tout naturellement que son heure était venue, car la porte, qui était le seul moyen de retraite, avait été bloquée par le bois enflammé avec une infernale adresse ; et elle se mit à prier pour la dernière fois, à ce qu’elle croyait. Ses yeux se fermèrent, et son âme fut comme absorbée pendant plus d’une minute. Mais les intérêts du monde parlaient trop haut pour être entièrement oubliés ; et quand elle rouvrit involontairement les yeux, elle s’aperçut que les flammes ne pénétraient plus dans la chambre, quoique le bois qui entourait la petite ouverture eût pris feu et s’allumât doucement sous l’impulsion de l’air du dehors. Un tonneau plein d’eau se trouvait dans un coin, et Mabel, agissant plus par instinct que par réflexion, saisit un vase, le remplit, et le versant sur le bois d’une main tremblante, elle réussit à éteindre le feu dans cet endroit. La fumée l’empêcha quelques instants de voir ce qui se passait en bas, mais lorsqu’elle le put, son cœur palpita de joie et d’espoir en voyant le bûcher renversé, les branches éparses et des traces d’eau répandue sur la porte qui fumait encore mais qui ne brûlait plus.

— Qui est là ? — dit Mabel, en approchant ses lèvres de l’ouverture, — quel est l’ami qu’une Providence bienfaisante a envoyé à mon secours ?

Un pas léger se fit entendre et fut suivi de quelques coups qui retentirent sur les lourdes solives.

— Qui veut entrer ? est-ce vous, mon cher oncle ?

— Eau-salée pas ici. Eau-douce Saint-Laurent, — répondit-on. — Vous ouvrir vite ; moi falloir entrer.

Jamais Mabel n’avait couru avec plus de vitesse et agi avec plus de promptitude qu’en descendant l’échelle et en levant les barres ; la pensée de fuir l’occupait seule, et elle ouvrit la porte avec une rapidité qui n’admettait aucune précaution. Son premier mouvement fut de s’élancer hors du seuil dans l’aveugle espérance de quitter le fort, mais Rosée-de-Juin s’opposa à cette tentative, et, dès qu’elle fut entrée, elle referma tranquillement