Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/369

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— Écoutez, les voilà ! Rosée-de-juin croire entendre un cri comme celui d’un guerrier quand il prend une chevelure.

— Que dites-vous ? Il n’y a plus de boucherie, il ne peut plus y en avoir.

— Eau-salée ! s’écria l’Indienne en riant, tandis qu’elle regardait à travers une meurtrière.

— Mon cher oncle ! Dieu merci ! il vit encore ! Oh ! Rosée-de-Juin, vous ne souffrirez pas qu’on lui fasse du mal.

— Rosée-de-juin n’être qu’une pauvre squaw. Quel guerrier faire attention à ses paroles ? Arrowhead l’amener ici.

Mabel regardait alors, et elle ne fut que trop sûre que son oncle et le major étaient entre les mains des Indiens, huit ou dix d’entre eux conduisaient les prisonniers au pied du fort, car par cette capture l’ennemi voyait bien qu’il ne pouvait y avoir aucun homme dans le bâtiment. Mabel respirait à peine pendant que toute la troupe se rangeait absolument en face de la porte. Elle reconnut avec une grande joie que l’officier français était parmi les Indiens. Une conversation à voix basse eut lieu, pendant laquelle le chef blanc et Arrowhead parlèrent avec vivacité à leurs captifs. Alors le major appela la jeune fille d’une voix assez élevée pour parvenir jusqu’à elle.

— Jolie Mabel, jolie Mabel, — dit-il, — regardez à travers une de ces meurtrières et prenez pitié de notre condition. Nous sommes menacés d’une mort prochaine, à moins que vous n’ouvriez la porte aux vainqueurs. Ne perdez pas une minute, ou dans une demi-heure nos cheveux ne tiendront plus à nos têtes.

Le ton moqueur et léger de cet appel fortifia plutôt qu’il n’affaiblit la résolution de Mabel de conserver la place aussi long-temps que possible.

— Parlez-moi, mon oncle, — dit-elle en approchant sa bouche d’une des meurtrières, — et dites-moi ce que je dois faire.

— Oh ! mon Dieu, je vous remercie ! — s’écria Cap ; le son de votre douce voix, Magnet, soulage mon cœur d’un pesant fardeau. Je craignais que vous n’eussiez partagé le sort de la pauvre Jenny. Depuis vingt-quatre heures il me semble qu’on a jeté, pour le lester, un tonneau de saumon dans mon cœur. Vous me demandez ce que vous devez faire, mon enfant ; je ne sais que vous conseiller, quoique vous soyez la fille de ma propre sœur ! Tout ce que je puis dire maintenant, ma pauvre fille, c’est que