Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/378

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et aussitôt Rosée-de-Juin commença à descendre. Au même moment un léger coup à la porte se fit entendre. Mabel était au désespoir, il n’y avait pas une minute à perdre. L’espoir l’emporta sur la crainte, et d’une main tremblante elle commença à lever les barres de la porte ; elle entendit le mocassin de la Tuscarora à l’étage supérieur, au moment où la première barre tombait ; la seconde venait d’être levée lorsque l’Indienne arriva au milieu de la dernière échelle.

— Quoi faire vous ? — s’écria-t-elle avec colère. — Enfuir ? folle ! quitter le fort ? fort être bon.

Les mains des deux amies étaient sur la dernière barre, qui aurait cédé plus tôt sans un choc violent du dehors qui la serra contre le bois. Une courte lutte eut lieu entre les deux jeunes femmes, quoique sans violence de part et d’autre ; Rosée-de-Juin l’aurait probablement emporté, si un coup plus vigoureux encore que le premier n’eût forcé la barre. La porte s’ouvrit, un homme entra, et les deux femmes se sauvèrent à la hâte en montant l’échelle, également effrayées de cette apparition. L’étranger ferma soigneusement la porte, examina minutieusement la chambre basse, et monta l’échelle avec lenteur et prudence. Aussitôt que l’obscurité était venue, l’Indienne avait fermé les meurtrières du premier étage et allumé une chandelle. Au moyen de cette faible clarté, les deux femmes attendirent, non sans crainte, la visite du nouveau venu dont elles entendaient distinctement le pas prudent quoique ferme. On ne pourrait assurer si Mabel ne fut pas aussi surprise que sa compagne lorsque l’étranger s’élevant au-dessus de la trappe, elle reconnut Pathfinder.

— Dieu soit loué ! — s’écria Mabel, car elle pensa aussitôt qu’avec une semblable garnison le fort devenait imprenable. — Oh ! Pathfinder, qu’est devenu mon père ?

— Le sergent est en sûreté jusqu’à présent et victorieux, quoiqu’il ne soit pas au pouvoir de l’homme de prévoir la fin de tout ceci. N’est-ce pas la femme d’Arrowhead qui est là blottie dans un coin ?

— Ne parlez pas d’elle d’un ton de reproche, Pathfinder, je lui dois la vie et ma sûreté présente. Dites-moi ce qu’est devenue la troupe de mon père, pourquoi vous êtes ici, et je vous raconterai tous les horribles événements qui se sont passés sur cette île.