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LE LAC ONTARIO.

La physionomie de Pathfinder avait pour expression ordinaire la simplicité, la droiture et la sincérité, mêlées à un air de confiance en lui-même, qui en donnait beaucoup à ceux qui étaient confiés à ses soins ; mais en ce moment une ombre d’inquiétude se faisait remarquer sur ses traits, et tous ses compagnons en furent frappés.

— Qu’y-a-t-il donc, ami Pathfinder ? — demanda Cap, ne permettant à sa voix naturellement ferme et sonore que le ton de précaution qui convenait mieux aux dangers du désert ; — l’ennemi croise-t-il entre nous et le port ?

— Que dites-vous ?

— Quelques-uns de ces scaramouches bigarrés ont-ils jeté l’ancre à la hauteur du havre dans lequel nous voulons entrer, avec l’espoir de nous couper quand nous nous y présenterons !

— Ce peut être tout ce que vous dites, ami Cap ; mais vos paroles ne me rendent pas plus savant, et, dans des temps difficiles, plus on parle clairement et mieux on se fait comprendre. Je n’entends rien à vos ports et à vos ancres ; mais ce que je sais, c’est qu’il y a une infernale piste de Mingos à cent toises d’ici, et aussi fraîche que de la venaison non salée. Si un seul de ces démons y a passé, il en a passé une douzaine ; et ce qu’il y a de pire, c’est qu’ils sont allés du côté du fort, et que personne n’entrera dans la clairière qui l’entoure, sans que quelques-uns de leurs yeux perçants le découvrent, et alors les balles suivront, bien certainement.

— Ledit fort ne peut-il leur lâcher une bordée et balayer tout ce qui est à la distance d’une encablure ?

— Les forts de ce côté-ci ne ressemblent pas aux forts des établissements. Deux ou trois petites pièces de canon à l’embouchure de la rivière, voilà tout ce qu’il y a ici. Et quant à tirer ce que vous appelez des bordées contre une douzaine de Mingos cachés derrière des arbres dans la forêt, ce serait de la poudre perdue. Nous n’avons qu’une marche à suivre, et elle n’est pas sans difficulté. Nous sommes placés avec jugement en cet endroit, la hauteur des rives et les buissons cachant les deux canots à tous les yeux, excepté à ceux des rôdeurs qui pourraient se trouver en face de nous de l’autre côté de la rivière. Nous pouvons donc rester ici sans avoir beaucoup à craindre pour le moment. Mais comment engager ces démons incarnés à remonter la rivière ? — Ah ! je l’ai trouvé. — Oui, je l’ai trouvé, et si cela ne nous sert à