Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/139

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— Cela est-il bien vrai, don Luis ? — Cela peut-il être vrai ?

— Je suis envoyé tout exprès pour presser votre retour immédiat à Santa-Fé.

— Par qui, Señor ?

— Par doña Isabelle, ma gracieuse souveraine. J’en ai reçu l’ordre de sa propre bouche.

— Songez que je ne puis renoncer à aucune de mes demandes.

— Il n’en est plus question, Señor. Notre excellente et généreuse reine vous les accorde toutes. J’ai même appris qu’elle a noblement offert de mettre en gage ses propres joyaux plutôt que de laisser manquer l’entreprise.

Ce trait toucha Colomb jusqu’au fond du cœur. Il ôta son chapeau et le plaça un moment devant son visage, comme s’il eût eu honte de laisser voir son émotion. Quand il l’eut remis sur sa tête, sa physionomie était radieuse de bonheur, et aucun doute ne semblait rester dans son esprit. Ce moment de joie lui fit : oublier ses longues années de souffrances, et il déclara à don Luis qu’il était prêt à retourner avec lui à Santa-Fé.


CHAPITRE IX.


Qu’il est beau le génie quand il est joint à la sainteté ! Quelle douceur divine ont les sons de la harpe terrestre, quand les cordes en sont touchées par la douce main de la piété ; qu’elle est suspendue sur l’autel de la religion, et qu’il en sort des vibrations qui sont une harmonie solennelle pour l’oreille de Dieu !
John Wilson



Colomb fut accueilli par ses amis Luis de Saint-Angel et Alonzo de Quintanilla avec une satisfaction qu’ils trouvèrent difficile d’exprimer. Ils donnèrent de grandes louanges à Isabelle, et ajoutèrent aux assurances de don Luis de telles preuves des intentions sérieuses de la reine, qu’ils bannirent jusqu’au moindre doute de l’esprit du navigateur. Il fut alors, sans plus de délai, conduit en présence de la reine.

— Señor Colon, dit Isabelle au Génois pendant qu’il fléchissait