Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour lui faire prendre une direction convenable à la gloire de Dieu et aux intérêts de son Église visible.

— Fort bien, mon fils ; cependant il est de mon devoir de vous avertir de ne pas accorder trop de confiance à ces impulsions intérieures. Tant qu’elles ne tendent qu’à augmenter votre amour pour notre Père suprême et à glorifier son essence divine et sa sainteté, vous pouvez être sûr qu’elles partent du principe de tout bien ; mais lorsqu’elles semblent avoir pour but votre propre élévation ; méfiez-vous-en, comme vous vous méfieriez des tentations du père de tout mal.

— J’en ai la même idée. — Et maintenant, que je me suis déchargé la conscience, en tant qu’il est en moi, avec franchise et vérité, puis-je espérer les consolations de l’Église et votre absolution, mon père ?

— Ne vous rappelez-vous rien autre chose, de ce qui ne peut rester caché à l’être qui connaît le fond de toutes les consciences ?

— J’ai commis beaucoup de fautes, mon père, et je ne puis me les entendre trop souvent et trop fortement reprocher ; mais je crois qu’elles sont toutes comprises sous les chefs généraux de la confession que je viens de faire.

— N’avez-vous rien à vous reprocher relativement à ce sexe dont le démon se sert si souvent pour induire au mal, et dont les anges eux-mêmes aimeraient à se servir pour remplir leur ministère de grâce ?

— J’ai erré comme homme, mon père ; mais mes confessions passées ne couvrent-elles pas ces fautes ?

— Songez-vous à doña Béatrix Enriquez et à votre fils Fernando, qui est en ce moment dans notre couvent de la Rabida ?

Colomb baissa la tête avec soumission, et le profond soupir qui sortit de sa poitrine, semblable à un gémissement, indiquait combien grande était sa contrition.

— Vous avez raison, mon père ; c’est une faute qui ne doit jamais être oubliée, quoique j’en aie reçu l’absolution, dit-il. Imposez-moi la pénitence que je sens avoir bien méritée, et vous verrez qu’un chrétien peut se courber et baiser la verge dont il se trouve frappé avec justice.

— Un tel repentir est tout ce que l’Église exige, mon fils, et vous entreprenez une affaire qui importe trop à ses intérêts pour en être distrait par des considérations secondaires. Cependant un ministre des autels ne peut passer légèrement sur une telle