Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/208

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qu’elle réduisait ce dernier pont d’environ le quart de la largeur du grand bau. Au moyen de ces précautions, la grande hauteur à laquelle ils s’élevaient hors de l’eau était moins dangereuse qu’elle ne l’aurait été sans cela. De plus, ces navires étant généralement courts, et ayant l’avantage de s’élever aisément sur l’eau, et leurs côtés étant en outre peu élevés au-dessus de l’eau, on pouvait les considérer comme sûrs à la mer plutôt que comme dangereux. Quoique si courts, ils étaient cependant d’une grande largeur, afin d’avoir un tonnage suffisant ; ce qui pouvait nuire à la vitesse, mais augmentait la sécurité. Quoiqu’on leur donnât le nom de vaisseaux, ces bâtiments n’étaient pas gréés comme nos vaisseaux actuels ; leurs bas mâts étaient comparativement plus longs que ceux en usage aujourd’hui, tandis que leurs mâts supérieurs étaient moins nombreux et moins élevés que ceux dont nous nous servons, et qui pointent vers les nuages comme des aiguilles. Un trois-mâts d’ailleurs n’avait pas nécessairement, dans le quinzième siècle, le nombre de mâts supérieurs qu’il a reçus dans le dix-neuvième. Le nom de nao, qu’on lui donnait dans le midi de l’Europe, venant directement du mot latin navis[1], était employé comme un terme général plutôt que comme un nom distinctif, et il ne désignait ni un genre de construction particulière, ni un mode de gréement différent. La caravelle était un trois-mâts dans ce sens, quoique, si l’on avait égard à la classification plus rigoureuse de nos marins actuels, il fût peut-être possible de lui contester ce titre.

On a beaucoup insisté, et avec raison, sur le fait que deux des bâtiments employés à cette entreprise n’étaient pas pontés. Mais comme à cette époque la plupart des voyages sur mer se faisaient dans une direction parallèle aux principales côtes ; que même, lorsqu’ils s’étendaient jusqu’aux îles et ne prenaient que quelques jours, les bâtiments s’éloignaient rarement de la terre, les marins avaient coutume, — coutume qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans les mers méridionales de l’Europe, — de chercher à entrer dans un port quand ils étaient menacés par le mauvais temps. Dans de telles circonstances, les ponts n’étaient pas aussi essentiels, soit pour la sûreté du bâtiment et la conservation de la cargaison, soit pour loger convenablement l’équipage, que dans le cas où il faut s’exposer à toute la fureur des éléments. Le lecteur

  1. Ou plutôt du mot grec ναυς.