Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/223

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rois mêmes, puisqu’ils se contentent de tirer leur titre d’une petite partie de ce qui me donne le mien.

— Et ton père et ta mère s’appelaient-ils aussi Mundo, ou as-tu pris ce nom pour avoir l’occasion de montrer ton esprit à tes officiers, quand ils t’adressent des questions à ce sujet ?

— Quant aux bonnes gens dont vous avez la bonté de parler, señor amirante, je leur laisse le soin de répondre eux-mêmes, et cela pour une bonne raison qui est que je ne sais ni comment ils s’appelaient, ni même s’ils avaient un nom. On m’a dit qu’on m’avait trouvé, quelques heures après ma naissance, dans un vieux panier, à la porte du chantier de construction à…

— Ne t’inquiète pas de préciser l’endroit, ami Sancho. On t’a trouvé ayant un panier pour berceau, et voilà le premier tome de ton histoire.

— C’est que je ne voudrais pas que l’endroit devînt un sujet de contestation par la suite, Votre Excellence ; mais il en sera ce qu’il vous plaira. On dit que personne ici ne sait bien exactement où nous allons, et il convient assez qu’on ne sache pas plus d’où nous venons. Mais comme j’avais le monde devant moi, ceux qui m’ont baptisé m’en ont donné autant qu’un nom est capable de produire.

— Tu as été longtemps marin, Sancho Mundo, — si tu veux être Mundo ?

— Si longtemps, Señor, que j’ai des nausées et que je perds l’appétit quand je me trouve à terre. — Ayant été laissé si près de la porte, il n’a pas été bien difficile de me faire entrer dans le chantier, et un beau jour je fus lancé à la mer à bord d’une caravelle, personne ne sait comment. Depuis ce temps, je me suis soumis à mon destin, et je me remets en mer le plus promptement possible, lorsque je suis revenu à terre.

— Et par quelle heureuse chance, bon Sancho, suis-je favorisé de tes services dans cette expédition ?

— Les autorités de Moguer m’ont envoyé ici en vertu des ordres de la reine, Votre Excellence, pensant que ce voyage me conviendrait mieux que tout autre, attendu qu’il est probable qu’il ne finira jamais.

— Es-tu donc venu ici contre ton gré ?

— Moi, señor don amirante ! non vraiment, quoique ceux qui m’y ont envoyé se l’imaginent. Il est naturel à un homme de vouloir voir ses domaines une fois dans sa vie ; et comme on dit