Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/325

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en mettant le cap plus au sud, quoique pas autant que Pinzon le voudrait, le Cathay étant toujours devant mes yeux.

Colomb donna les ordres nécessaires ; les deux autres bâtiments s’approchèrent à portée d’être hélés par la Santa-Maria, et leurs commandants reçurent ordre de gouverner à l’ouest-sud-ouest. La raison qu’il donna de ce changement, fut le grand nombre d’oiseaux qu’on avait vus voler dans cette direction. L’intention de l’amiral était de suivre cette route pendant deux jours. — Cependant la terre ne se montra pas dans le cours de la matinée ; mais comme le vent était léger, et qu’on n’avait fait que cinq lieues depuis le changement de route, ce désappointement causa moins de découragement que de coutume. En dépit de leurs doutes et de leurs craintes, tous ceux qui étaient à bord des bâtiments jouissaient de la fraîcheur balsamique de l’atmosphère, l’air paraissant parfumé à un tel point que c’était plaisir de le respirer. On rencontrait une plus grande quantité d’herbes marines, et la plupart semblaient aussi fraîches que si elles n’eussent été détachées de leur rocher natal que depuis un ou deux jours. Des oiseaux qui appartenaient évidemment à la terre se montrèrent aussi, et l’on en prit même un. Les canards étaient en grand nombre, et l’on vit encore un pélican.

Ainsi se passa la journée du 8 octobre, nos aventuriers ne perdant pas encore espoir, quoique les bâtiments n’eussent avancé que d’environ quarante milles pendant ces vingt-quatre heures. Le jour suivant n’amena d’autre nouveauté qu’un changement de vent, qui obligea l’amiral à gouverner à l’ouest-quart-nord-ouest pendant quelques heures. Cette nécessité le contraria un peu, car il désirait avancer directement vers l’ouest, ou du moins ouest-quart-sud-ouest ; mais elle rassura une partie de ses matelots, qui s’effrayaient de voir le vent souffler toujours du même côté. Si la déviation eût continué, c’eût été, dans le fait, gouverner dans la direction que l’amiral désirait suivre ; mais on se trouvait alors sous des degrés de longitude et de latitude où l’aiguille reprenait sa propriété et sa direction ordinaire. Dans le cours de la nuit, les vents alisés reprirent aussi leur influence, et de bonne heure, dans la matinée du 10, les bâtiments avançaient à l’ouest-sud-ouest, d’après la boussole, ce qui était réellement, ou à très-peu de chose près, la véritable route.

Tel était l’état des choses quand le soleil se leva le 10 octobre