homme de la tribu de Mattinao ne se montrait, et Luis ne douta pas que tous n’eussent pris la fuite. Déterminé à sauver Ozéma à tout risque, il se dirigea vers la rivière pour tâcher de s’échapper sur une des pirogues qui s’y trouvaient. En traversant le village, ils reconnurent que pas une maison n’avait été pillée. Les deux Espagnols firent leurs commentaires sur cette circonstance, et Luis la fit remarquer à sa compagne.
— Caonabo — non — non — non ! — Ozéma ! — Ozéma ! s’écria la jeune Indienne qui savait fort bien quel était le véritable but de l’attaque du Caraïbe.
Une douzaine de pirogues étaient amarrées sur la rivière, et cinq minutes suffirent aux fugitifs pour entrer dans l’une d’elles et commencer leur retraite. Ils n’eurent besoin que de suivre le courant, et dans l’espace d’une couple d’heures ils gagnèrent l’Océan. Comme le vent soufflait de l’est, Sancho déploya une mauvaise voile en toile de coton ; et une heure avant le coucher du soleil ils débarquèrent sur une pointe qui empêchait qu’on ne pût les apercevoir de la baie, Luis n’ayant pas oublié que l’amiral lui avait enjoint de cacher soigneusement son excursion, de peur que quelqu’un ne lui demandât la permission d’en faire une semblable.
CHAPITRE XXIV.
n spectacle qui frappa notre héros d’une terreur et d’une
consternation presque aussi grandes que l’épouvante qui s’empara
des ignorants Haïtiens au bruit et à l’effet produits par
l’arquebuse, l’attendait lorsqu’il arriva en vue du mouillage. La Santa-Maria, ce bâtiment amiral, qu’il avait laissé, quatre
jours auparavant, dans la meilleure tenue, était étendu naufragé
sur le sable, ses mâts tombés, ses flancs brisés, et offrant tous