Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 18, 1841.djvu/393

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occupés, on avait aperçu une lumière sous le vent, et l’on avait supposé qu’elle venait de l’île qu’on avait aperçue la première. Cet incident confirma l’amiral dans la croyance qu’il était au centre d’un groupe, et qu’en se tenant constamment au vent, il se trouverait en position d’atteindre un port dans la matinée. Cette matinée néanmoins n’avait produit d’autre changement que celui que nous avons mentionné, et il se préparait à passer une autre nuit, celle du 17, dans incertitude, lorsque le cri de — Terre à l’avant — vint subitement ranimer tous les esprits.

La Niña avança hardiment, et avant minuit elle se trouva assez près de la terre pour jeter l’ancre ; mais la mer et le vent étaient si forts, que le câble se rompit, et les pauvres marins furent ainsi rejetés des régions auxquelles ils appartenaient. On fit voile de nouveau ; on fit des efforts pour se remettre au vent, et au point du jour la caravelle se trouva en position de jeter l’ancre au nord de l’île. Là, les navigateurs presque épuisés de fatigue apprirent que Colomb avait encore raison, et qu’ils avaient atteint Sainte-Marie, l’une des Açores.

Il n’appartient pas à cette histoire de raconter les événements qui eurent lieu tandis que la Niña resta dans le port. Les Portugais essayèrent de s’emparer de la caravelle ; et comme ils avaient été les derniers à inquiéter l’amiral à son départ de l’Ancien-Monde, ils furent les premiers à le harceler à son retour. Néanmoins toutes leurs manœuvres n’eurent aucun effet, et après avoir vu la meilleure partie de ses hommes en leur pouvoir, et quitté une fois l’île sans eux, l’amiral arrangea cette affaire de manière à partir pour l’Espagne, le 24 du mois, ayant tout son monde à bord.

Pendant les premiers jours, la Providence sembla protéger la traversée. Le vent était favorable et la mer paisible. Depuis la matinée du 24 jusqu’au soir du 26, la caravelle avait fait près de cent lieues sur sa route directe pour Palos, lorsque la mer commença à s’agiter de nouveau, et le vent devint contraire. Peu à peu la violence du vent augmenta, quoiqu’il fût assez favorable pour permettre de gouverner à l’est, en tirant un peu vers le nord. Le temps était mauvais, mais comme l’amiral savait qu’il se dirigeait vers l’Europe, il ne se plaignait pas, et il encourageait ses gens par l’espoir d’une prompte arrivée. Le temps s’écoula de cette manière jusqu’au samedi 2 mars ; alors Christophe Colomb se crut à environ cent milles des côtes du Por-