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DEERSLAYER

ser. L’entretien eut lieu dans la langue des Delawares. Néanmoins, comme ce dialecte est peu compris, même par les savants, nous rendrons librement en anglais, non-seulement en cette occasion, mais aussi désormais, tous les détails qu’il pourra être nécessaire de donner, tout en conservant, autant que possible, l’idiome et les expressions particulières de chaque interlocuteur, afin de présenter les descriptions à l’esprit du lecteur sous les formes les plus faciles à saisir.

Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails racontés en premier lieu par Deerslayer, qui fit un récit succinct des événements qui sont déjà familiers à ceux qui ont lu tout ce qui précède.

Cependant il sera peut-être bon de dire qu’en racontant ces événements le narrateur se borna à les esquisser, en s’abstenant particulièrement de parler de sa rencontre avec l’Iroquois, de la victoire qu’il avait remportée, et de ses efforts en faveur de deux jeunes filles abandonnées à elles-mêmes. Quand Deerslayer eut fini, le Delaware prit la parole à son tour ; il parla sentencieusement et avec beaucoup de dignité. Son récit fut à la fois clair et laconique, sans être embelli par aucun incident qui ne se rattachât pas intimement à l’histoire de son départ des villages de sa peuplade et de son arrivée dans la vallée du Susquehannah.

En atteignant cette vallée, qui n’était qu’à environ un demi-mille au sud du lac, il avait bientôt découvert une piste qui l’avait averti du voisinage probable des ennemis. Comme il était préparé à cette rencontre, et que l’objet de l’expédition l’appelait directement dans le voisinage du parti d’Iroquois qu’on savait être en campagne, il considéra cette découverte plutôt comme fortunée que fâcheuse, et il prit les précautions ordinaires pour la mettre à profit. Ayant d’abord remonté la rivière vers le lac, pour s’assurer de la position du rocher, il rencontra une autre piste, et il passa plusieurs heures à rôder sur les flancs de l’ennemi, en épiant à la fois l’occasion de rejoindre sa maîtresse et d’enlever une chevelure ; et l’on peut mettre en doute lequel des deux il désirait le plus ardemment. Il se tenait près du lac, et de temps en temps il s’aventurait en quelque endroit d’où il pût voir ce qui se passait sur sa surface. Il avait aperçu l’arche et l’avait suivie des yeux depuis le moment où elle avait été visible, quoique le jeune chef ignorât nécessairement qu’elle dût servir à effectuer le rapprochement si ardemment désiré entre lui et son ami. Cependant les allures incertaines de l’esquif et la certitude où il était qu’il ne pouvait être monté que par des blancs, le portèrent à supposer la vérité, et il se tint prêt à sauter à bord à la