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DEERSLAYER

je suppose que cela veut dire qu’elle a toujours l’intention de marcher du bon côté ; mais quelquefois elle ne sait comment s’y prendre. — Compass, pour l’endroit où elle veut aller, et meant us, pour l’intention. Oui, la pauvre Hetty est ce que j’appelle sur les frontières de l’ignorance, et elle va tantôt d’un côté de la ligne, tantôt de l’autre.

— Il y a des êtres que le Seigneur prend sous sa garde particulière, dit Deerslayer d’un ton solennel, car il veille spécialement sur ceux qui n’ont pas reçu leur part ordinaire de raison. Les Peaux Rouges honorent et respectent ceux qui sont dans cette situation, car ils savent que le mauvais esprit préfère habiter dans un corps plein d’astuce que dans celui qui est sans artifice.

— En ce cas, je réponds qu’il ne restera pas longtemps avec la pauvre Hetty, car, comme je disais, elle est toujours juste compass meant us. Le vieux Tom a de l’attention pour elle, et Judith aussi, toute spirituelle et glorieuse qu’elle est ; sans quoi je ne garantirais pas qu’elle fût tout à fait en sûreté au milieu de l’espèce de gens qui viennent quelquefois sur les bords du lac.

— Je croyais que ce lac était inconnu et peu fréquenté, dit Deerslayer, évidemment contrarié de se trouver si près du monde civilisé.

— Et vous aviez raison, mon garçon. Les yeux de vingt hommes blancs ne s’y sont jamais arrêtés. Mais qui pourrait dire quel mal peuvent faire une vingtaine d’hommes nés et élevés sur la frontière, chasseurs, trappeurs et vagabonds, si la fantaisie leur en prend ? — Ce serait une chose terrible pour moi, Deerslayer, si je trouvais Judith mariée après une absence de six mois.

— Vous a-t-elle promis sa foi, pour vous encourager à de meilleures espérances ?

— Non. — Je ne sais comment cela se fait ; je ne suis pas mal bâti, comme je puis le voir dans chaque source sur laquelle le soleil brille ; et pourtant je n’ai jamais pu obtenir d’elle une promesse, ni même un sourire de bonne volonté, quoiqu’elle rie des heures entières. — Si elle a osé se marier en mon absence, il est probable qu’elle connaîtra les plaisirs du veuvage avant d’avoir vingt ans.

— Vous ne voudriez sûrement pas attaquer l’homme qu’elle aurait choisi, Hurry, uniquement parce qu’elle l’aurait trouvé plus à son goût que vous ?

— Pourquoi non ? Si un ennemi me barre le chemin, n’ai-je pas le droit de m’en débarrasser ? — Regardez-moi bien ! Ai-je l’air d’un homme disposé à souffrir qu’un marchand de peaux, rampant et astucieux, me supplante dans une affaire qui me touche d’aussi près