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OU LE TUEUR DE DAIMS.

surer qu’il était ouvert, puis il s’en éloigna de quelques pas, en faisant signe à son ami de le suivre.

— C’est une caisse de famille, Judith, dit-il, et elle peut contenir des secrets de famille. Nous allons dans l’arche, le Serpent et moi, pour voir les pirogues, les rames et les avirons ; pendant ce temps-là, vous pouvez l’examiner vous-même, et chercher si, parmi les objets qu’elle renferme, il se trouve, ou non, quelque chose qu’on puisse offrir en rançon. Quand vous aurez fini, appelez-nous, et nous tiendrons conseil ensemble, au sujet de la valeur des objets.

— Attendez, Deerslayer, s’écria la jeune fille, comme il se disposait à sortir ; je ne toucherai à rien, je ne lèverai même pas le couvercle, si vous n’êtes pas présent. Mon père et Hetty ont jugé convenable de me cacher le contenu de ce coffre, et je suis trop fière pour fouiller dans leurs trésors cachés, à moins que ce ne soit pour leur intérêt ; mais, à aucun prix, je n’ouvrirai le coffre toute seule. Restez donc avec moi ; j’ai besoin de témoins.

— Je croirais assez, Serpent, que Judith a raison. La confiance mutuelle engendre la sécurité, mais la défiance pourra nous rendre prudents. Judith a le droit de nous demander d’être présents ; et si par hasard cette caisse renferme quelque secret de maître Hutter, il sera sous la garde de deux jeunes gens dont la bouche sait rester fermée aussi bien que celle de qui que ce soit. Nous resterons avec vous, Judith ; mais laissez-nous d’abord jeter un coup d’œil sur le lac et sur le rivage, car il faudra plus d’une minute pour vider cette caisse.

Ils allèrent alors tous deux sur la plate-forme, et Deerslayer inspecta le rivage avec sa longue-vue, tandis que l’Indien promenait gravement ses regards sur l’eau et sur les bois pour découvrir quelque signe qui pût trahir les ruses de leurs ennemis. Ils n’aperçurent rien d’étrange, et, convaincus de leur sûreté momentanée, ils se réunirent tous trois de nouveau autour de la caisse avec l’intention avouée de l’ouvrir.

Du plus loin qu’elle pouvait se souvenir, Judith avait toujours eu une sorte de respect pour cette caisse et son contenu mystérieux. Ni son père ni sa mère n’en avaient jamais parlé en sa présence ; et il semblait que, par une convention tacite, on dût éviter avec soin d’y faire aucune allusion, quand on nommait les différents objets qui se trouvaient auprès, ou même sur le couvercle. L’habitude en avait fait une chose aisée et si naturelle pour eux, que c’était tout récemment seulement que Judith avait réfléchi à cette singulière circonstance. Du reste, il n’avait jamais existé une assez grande