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OU LE TUEUR DE DAIMS.

une promenade agréable sur l’eau, dit Rivenoak d’un ton plus doux et de manière à montrer des intentions pacifiques ; il a vu les bois, il a vu l’eau ; qu’aime-t-il le mieux ? Il en a peut-être vu assez pour changer d’avis et être disposé à écouter la raison.

— Expliquez-vous, Huron. Vous avez quelque chose dans l’esprit, et plus tôt vous me le direz, plus tôt vous aurez ma réponse.

— C’est aller droit au but. Il n’y a pas de détours dans les paroles de mon frère, quoiqu’il soit un renard à la course. Je lui parlerai, ses oreilles sont à présent plus ouvertes qu’elles ne l’étaient, et ses yeux ne sont plus fermés. Le Sumac est plus pauvre que jamais. Naguère, elle avait un mari, un frère et des enfants. Son mari est parti sans lui faire ses adieux, et ce n’est pas sa faute, car le Loup-Cervier était bon mari. C’était un plaisir de voir la quantité de venaison, de canards et d’oies sauvages, et de chair d’ours qu’il suspendait dans son wigwam pour sa provision d’hiver. Le voilà parti, et il ne pourra plus en apporter même dans la plus belle saison. Qui donc fournira des vivres à sa veuve et à ses enfants à présent ? Quelques-uns de nous pensaient que le frère n’oublierait pas sa sœur, et qu’il veillerait à ce que son wigwam ne restât pas vide l’hiver prochain. Nous pensions cela ; mais la Panthère a suivi le mari de sa sœur sur le sentier de mort. Tous deux maintenant sont à courir à qui arrivera le premier dans la terre des esprits. Les uns croient que le Loup-Cervier court le plus vite, les autres que la Panthère saute le plus loin. Le Sumac pense qu’ils voyageront tous deux si vite, et qu’ils iront si loin, que ni l’un ni l’autre ne reviendra jamais ici. Qui donc la nourrira, elle et ses enfants ? Ce doit être l’homme qui a dit au mari et au frère du Sumac de quitter son wigwam pour qu’il s’y trouvât place pour lui. C’est un grand chasseur, et nous savons, qu’il empêchera le besoin d’en approcher.

— Oui, Huron, oui ; cela est bientôt arrangé d’après vos idées ; mais c’est à contre-poil des principes d’un homme blanc. J’ai entendu parler de Faces-Pâles qui ont sauvé leur vie de cette manière, et j’en ai connu qui auraient préféré la mort à une pareille captivité. Quant à moi, je ne cherche ni le mariage ni la mort.

— Mon frère y réfléchira pendant que les chefs se prépareront pour le conseil. On lui dira ce qui sera décidé. Qu’il se souvienne combien il est dur de perdre un mari et un frère. — Allez, quand nous aurons besoin de lui, le nom de Deerslayer sera appelé.

Cette conversation avait eu lieu tête à tête. De toute la troupe qui était rassemblée sur ce même lieu deux heures auparavant,