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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 19, 1842.djvu/494

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DEERSLAYER

heures. Pendant ce temps, Warley entra dans la chambre et en sortit bien des fois. Il semblait être mal à l’aise quand il était absent, et ne pouvait y rester quand il s’y trouvait. Il donna divers ordres qui furent exécutés, et il y avait un air de mouvement parmi les soldats, surtout lorsque le lieutenant, M. Croig, ayant terminé le devoir peu agréable de faire enterrer les morts, envoya demander ce qu’il devait faire avec la partie du détachement qui était sous ses ordres. Hetty sommeilla un peu, et pendant ce temps Deerslayer et Chingachgook sortirent de l’arche pour conférer ensemble. Au bout de deux heures, le chirurgien, qui avait été revoir Hetty, passa sur la plate-forme, et, avec un air de sensibilité qu’on n’avait jamais remarqué en lui, annonça qu’elle approchait rapidement de sa fin. À cette nouvelle, tous ceux qui avaient déjà quitté sa chambre se hâtèrent d’y rentrer. La violence du chagrin avait réduit Judith à l’inaction, et Hist s’acquittait seule de tous les petits soins qui peuvent faire paraître moins dur le lit de la mort, et qui semblent appartenir exclusivement aux femmes. Hetty n’avait subi aucun autre changement visible qu’une faiblesse générale, annonce de l’approche de la dissolution du corps. Tout ce qu’elle possédait d’esprit était aussi lucide que jamais, et son intelligence, sous quelques rapports, était peut-être même plus active qu’elle l’eût jamais été.

— Ne vous affligez pas tant pour moi, Judith, dit Hetty ; je reverrai bientôt ma mère. Je crois la voir déjà, et ses traits sont aussi doux et aussi souriants qu’ils avaient coutume de l’être. Quand je serai morte, Dieu me donnera peut-être tout mon esprit, et alors je serai une compagne plus convenable pour ma mère que je l’aie jamais été.

— Vous serez un ange dans le ciel, Hetty, dit Judith en sanglotant. Nul esprit n’y sera plus digne de ce séjour de toute sainteté.

— Je n’entends pas cela tout à fait ; cependant je sais que ce doit être la vérité ; je l’ai lu dans la Bible. — Mais comme il fait noir ! Est-ce déjà la nuit ? À peine puis-je vous voir. — Où est donc Hist ?

— Moi ici, pauvre fille. Vous pas voir ?

— Je vous vois ; mais je ne pouvais dire si c’était vous ou Judith. — Je crois que je ne vous verrai plus longtemps, Hist.

— Moi bien fâchée, pauvre Hetty ; mais vous tranquille ; — un ciel pour jeune fille à face pâle comme pour guerrier rouge.

— Où est le Serpent ? — je voudrais lui parler. — Qu’il me donne sa main. — Bien, je la sens. — Delaware, chérissez tendrement cette jeune Indienne ; je sais combien elle vous aime, et vous devez l’ai-