les sentiments qui l’avaient agitée, tout le tumulte d’une journée si fertile en événements, lui parurent un moment des illusions. Elle tourna la tête, et vit s’éloigner celui qui avait été le principal acteur de toutes ces scènes. La vérité reparut à son esprit en reconnaissant son amant, d’autres souvenirs la portèrent à se retirer dans sa chambre, le cœur aussi triste que celui de Dunwoodie en sortant de la vallée.
CHAPITRE IX.
Le capitaine Lawton, à la tête de sa compagnie, avait suivi l’infanterie anglaise jusque sur le rivage, avec la plus grande vigilance, sans pouvoir trouver une seule occasion de l’inquiéter dans sa retraite. L’officier expérimenté qui avait alors le commandement, connaissait trop bien la force de son ennemi pour hasarder de quitter les hauteurs avant d’être obligé de regagner le rivage de la mer. Avant de faire ce mouvement dangereux, il forma son corps en bataillon carré hérissé de toutes parts de baïonnettes. L’impétueux Lawton savait fort bien que dans cette position des hommes braves ne pouvaient jamais être attaqués avec succès par la cavalerie, et il fut obligé, à son grand regret, de se borner à suivre ses ennemis sans pouvoir mettre obstacle à leur marche aussi ferme qu’elle était lente. Un petit schooner les avait amenés de New-York, et ses canons protégeaient le lieu de l’embarquement. Lawton avait assez de prudence pour voir que ce serait une folie que de vouloir combattre contre une telle combinaison de forces et de discipline, et il vit les Anglais se rembarquer sans chercher à les attaquer. Les dragons restèrent près du rivage jusqu’au dernier moment, et se mirent alors eux-mêmes en retraite, fort à contre-cœur, pour rejoindre le corps principal de Dunwoodie.