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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/166

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informer la maîtresse des cérémonies que sa tâche était heureusement terminée.

Environ une demi-heure avant la procession martiale que nous venons de décrire, toutes les dames avaient disparu d’une manière à peu près aussi inexplicable que le départ des hirondelles aux approches de l’hiver. Mais le printemps de leur retour ne se fit pas longtemps attendre, et toute la compagnie ne tarda pas à se réunir dans l’appartement auquel on donnait le nom de salon, parce qu’on n’y voyait pas de table à manger, et qu’il s’y trouvait un sofa couvert en indienne.

La bonne miss Peyton avait jugé que l’occasion exigeait non seulement des apprêts extraordinaires dans le département de la cuisine, mais quelques soins de parure dignes des hôtes qu’elle avait le bonheur de recevoir.

Elle avait sur sa tête un bonnet du plus beau linon, orné d’une large dentelle placée de manière à laisser apercevoir la guirlande de fleurs artificielles qui le garnissait. Ses cheveux étaient tellement couverts de poudre qu’il était impossible d’en distinguer la couleur ; mais leur extrémité légèrement bouclée adoucissait la raideur de ce genre de coiffure, et donnait à ses traits un air de douceur féminine.

Son costume était une robe de soie violette à long corsage, garnie d’une pièce d’estomac semblable ; cette robe lui serrait la taille et en dessinait toutes les proportions élégantes. Un ample jupon prouvait que la mode du jour ne cherchait pas à économiser l’étoffe. De petits paniers faisaient paraître cette parure avec avantage, et donnaient un air de majesté à celle qui la portait.

Sa haute taille était encore relevée par des souliers de même étoffe que sa robe, et dont les talons lui prêtaient plus d’un pouce.

Ses manches courtes et étroites se terminaient au coude par des manchettes à trois rangs de dentelle de Dresde, d’inégale hauteur, et décoraient un bras et une main qui conservaient encore leur rondeur et leur blancheur. Un triple rang de grosses perles lui entourait le cou, et un fichu de dentelle couvrait cette partie de sa personne que la coupe de sa robe avait laissée exposée à la vue, mais qu’une expérience de près de quarante ans lui avait appris qu’elle devait voiler.

Ainsi parée, et se redressant avec cet air de noblesse gracieuse