Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/352

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plusieurs fois qu’il entendait le bruit des cavaliers qui les poursuivaient ; mais Harvey, qui se retournait de temps en temps comme pour lui parler, l’assura que tout était encore tranquille.

— Mais il est impossible, dit Henry, que César ne soit pas bientôt découvert. Ne vaudrait-il pas mieux, prendre le galop ? Avant qu’ils aient eu le temps de réfléchir sur la cause qui nous fait courir ainsi, nous aurons gagné le coin de ce bois.

— Vous ne les connaissez guère, capitaine Wharton. Je vois à la porte de la ferme un maudit sergent qui nous suit des yeux comme s’il sentait que nous sommes une proie qui lui échappe. Quand j’ai commencé à prêcher, il me regardait d’un air qui annonçait la méfiance. N’allons qu’au pas, car il met la main sur le pommeau de sa selle, et s’il monte à cheval c’est fait de nous. Nous sommes à portée des mousquets de ce régiment d’infanterie.

— Que fait-il à présent ? demanda Henry en retenant son cheval par la bride, mais en lui pressant les flancs des talons pour être prêt à le mettre au galop au besoin.

— Il regarde d’un autre côté ; il s’éloigne de son cheval, nous pouvons prendre le trot. — Pas si vite ! pas si vite ! Voyez comme cette sentinelle en avant de nous nous examine.

— Et qu’importe ? dit Henry avec impatience, il ne peut que nous tirer un coup de fusil, au lieu que ces dragons peuvent nous faire prisonniers. Harvey, je crois les entendre Ne voyez-vous rien ?

— Eh ! eh ! si vraiment, j’aperçois quelque chose derrière ces buissons sur la gauche. Tournez la tête un instant, vous pourrez le voir aussi et profiter.

Henry s’empressa d’user de la permission, et son sang se glaça dans ses veines en voyant un gibet qui avait été préparé pour lui. Il en détourna les yeux avec horreur.

— Cela vous avertit qu’il faut être prudent, dit Birch avec le ton sentencieux qu’il prenait souvent.

— C’est véritablement une vue effrayante, dit Henry en se couvrant les yeux, d’une main, comme pour écarter une vision épouvantable.

— Et cependant, capitaine, continua le colporteur en se tournant à demi vers lui et en parlant avec un ton d’amertume sopmbre mais énergique, vous voyez cet objet d’un lieu où le soleil couchant darde ses derniers rayons sur votre tête ; vous respirez librement l’air frais qui vient de ces montagnes ; chaque pas que