Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/97

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mencèrent à se déployer avec une régularité qui leur aurait fait beaucoup d’honneur un jour de revue dans Hyde-Park.

— À cheval ! à cheval ! s’écria Dunwoodie ; et cet ordre fut répété par Lawton d’une voix si forte, qu’elle retentit aux oreilles de César qui était à une fenêtre des Sauterelles. Le nègre avait perdu toute sa confiance dans la timidité supposée du capitaine Lawton, et il croyait encore le voir sortir de derrière son rocher en brandissant son sabre sur sa tête.

Tandis que la ligne anglaise avançait lentement dans le plus bel ordre, les guides commencèrent un feu meurtrier dont l’effet se fit cruellement sentir à la portion des troupes royales qui se trouvait de leur côté. Écoutant les avis du vétéran qui avait le commandement en second de son corps, Wellmere ordonna à deux compagnies de déloger les Américains de leur embuscade. Ce mouvement occasionna une légère confusion, et Dunwoodie saisit cette occasion pour faire une charge. Il aurait été difficile de trouver un terrain plus favorable pour les manœuvres de la cavalerie, et l’attaque des Virginiens fut irrésistible : elle fut dirigée principalement sur le flanc opposé du bois, afin de ne pas exposer les Américains au feu de leurs compagnons qui y étaient cachés. Wellmere était sur la gauche de sa ligne, et il fut renversé par l’impétuosité furieuse des assaillants. Dunwoodie arriva à temps pour lui sauver la vie en parant le coup qu’allait lui porter un de ses dragons, et l’ayant relevé, il le fit placer sur un cheval, et le mit sous la garde d’un sous-officier. L’officier anglais qui avait conseillé une attaque contre les guides avait été chargé de la diriger mais cette troupe irrégulière n’attendit pas l’exécution de cette menace. Dans le fait, elle avait accompli le service qu’on en attendait, et elle se retira le long de la lisière du bois pour aller reprendre les chevaux qu’on avait laissés sous la garde d’un piquet à l’autre extrémité de la vallée.

Les Américains avaient tourné le flanc gauche de la ligne anglaise, l’avaient attaquée sur son derrière, et avaient rendu complète la déroute de ce côté. Mais l’officier qui commandait en second le corps des troupes royales, voyant ce qui s’y passait, fit un quart de conversion avec son détachement, et commença un feu bien nourri sur les dragons. Henry Wharton, qui l’avait accompagné en qualité de volontaire pour aider à déloger les guides du bois, reçut un coup de feu dans le bras droit, ce qui l’obligea à prendre la bride de la main gauche. Tandis que les dragons pas-