Ainsi le génitif nullius veut dire de nul homme, de nulle femme, de nulle chose.
Le ministre donna cette explication à peu près du même ton qu’un pédagogue l’aurait donnée à ses écoliers dans sa classe.
— Oui, oui, tout écolier aurait pu dire cela ; c’est ce qu’on apprend en huitième. Mais que diable le nominatif nullus et le génitif nullius peuvent-ils avoir de commun avec M. Thomas Wychecombe, neveu et héritier du baronnet ?
— C’est plus que je ne puis vous dire, sir Gervais ; mais, quant au latin, je puis déclarer qu’il est bon.
Sir Gervais était trop bien élevé pour rire ; mais il trouva difficile de réprimer un sourire.
— Eh bien ! sir Wycherly, tout cela est fort clair, reprit-il : sir Reginald est parent dans une ligne, Tom et le reste le sont dans les deux ; — Margery, Jeanne, etc. Qu’avez-vous à nous dire à présent ?
— Je veux dire que Tom est nullus, quoique tenant aux deux lignes — et que sir Reginald, — quoique d’une seule ligne — n’est pas nullus.
— C’est comme si l’on avait passé une semaine en mer sans voir la soleil. Je suis complétement en dérive, Messieurs.
— Sir Wycherly ne fait pas attention aux cas, dit M. Atwood avec un grand sérieux, il est tantôt au nominatif, tantôt au génitif, et il ne dit rien du datif.
— Allons, allons, Atwood, point de plaisanteries dans une circonstance si grave. — Mon cher Wycherly, avez-vous quelque chose de plus à nous dire ? Je crois que nous vous avons bien entendu ? Vous avez dit que Tom, tenant aux deux lignes, était nullus, et que sir Reginald, n’étant que d’une seule, n’est pas nullus.
— C’est cela, répondit le malade en souriant ; d’une seule ligne — mais non nullus. — J’ai changé d’avis. — J’ai trop vu l’autre depuis quelque temps — l’autre, je veux dire Tom, mon neveu, — je veux le faire mon héritier.
— Sans contredit, Messieurs, voilà qui devient plus clair. Le baronnet veut faire son neveu Tom son héritier. Mais la loi ne le fait-elle pas déjà, monsieur Rotherham ? M. le baron de Wychecombe n’était-il pas l’aîné des frères de sir Wycherly ?
— Je l’ai toujours compris ainsi, et M. Thomas Wychecombe, son fils aîné, est héritier légal du baronnet.
— Non ! non ! non ! s’écria sir Wycherly avec tant de feu, que sa langue devint plus épaisse que jamais. — Nullus — nullus. — Sir Reginald — sir Reginald.