Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/18

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— Non ni même par testament, tant qu’il pourra se trouver un héritier appelé à recueillir la substitution.

— N’y a-t-il aucun moyen de faire de Tom un filius de quelqu’un, de manière qu’il puisse hériter de moi ?

— La loi civile et la loi d’Écosse en offriraient mais il n’en existe aucun pour la loi qui est la perfection de la raison.

— Je voudrais que vous connussiez ce jeune Virginien ; — il porte mes deux noms, Wycherly Wychecombe.

— Ce n’est pas un filius Wycherly, baronnet ?

— Fi, frère Thomas ! croyez-vous que j’aie moins de franchise que vous, et que je voulusse désavouer ma chair et mon sang ? Je n’ai connu ce jeune homme que depuis six mois, depuis qu’il est arrivé au hameau de Wychecombe pour se faire guérir de ses blessures ; et je n’avais jamais entendu parler de lui auparavant. Quand j’eus appris qu’il se nommait Wycherly Wychecombe, je ne pus me dispenser d’aller le voir. Le pauvre diable fut quinze jours aux portes du tombeau, et ce fut pendant que nous n’avions encore que bien peu d’espoir de le sauver que j’appris de lui quelque chose de sa famille. Cette circonstance ferait une bonne preuve en justice, je crois ?

— En certains cas, s’il était mort ; mais comme il est vivant, il faut l’entendre sur son voir dire et après prestation de serment. — Mais que vous a-t-il dit de sa famille ?

— Fort peu de chose. Il m’a dit que son père se nommait Wycherly Wychecombe, et que son grand-père avait été planteur en Virginie. C’est tout ce qu’il paraît connaître de son arbre généalogique.

— Et probablement il ne remonte pas plus haut. Mon Tom n’est pas le seul filius nullius qui ait existé parmi nous ; et le grand-père de votre Virginien, s’il n’a pas positivement volé ce nom, l’a probablement acquis de cette manière. Quant au nom de Wycherly, il ne signifie rien. Sachant qu’il existe une ligne de baronnets de ce nom, quiconque a la prétention d’appartenir à cette famille serait disposé à nommer ainsi son fils.

Cette ligne touche à sa fin, dit sir Wycherly en soupirant. — Je voudrais pouvoir croire que vous vous trompez, et que Tom, après tout, n’est pas un filius nullius, comme vous le nommez.

Le baron Wychecombe, tant par esprit de corps que par principe moral, était un homme de la plus stricte intégrité en tout ce qui avait rapport au meum et au tuum. Il avait surtout des idées très-rigides sur la transmission des biens immeubles et sur les droits de primogéniture. Le monde avait fait peu d’attention à la vie privée d’un