sir Wycherly, au milieu des efforts qu’il faisait pour se faire comprendre, vous a appelé parent dans une seule ligne, et…
— Et il a eu raison ; le fait est vrai, j’en conviens et je n’ai pas plus de droit légal sur son domaine, que vous n’en avez, quoique mon droit moral puisse valoir un peu mieux.
— Un aveu si franc vous fait honneur, sir Reginald ; car du diable si je crois que les juges eux-mêmes songeassent à faire une telle objection à votre droit de l’hérédité, à moins qu’on ne leur rappelât cette loi inconcevable.
— En ce cas, sir Gervais, ils manqueraient à leur devoir ; car les juges doivent faire exécuter les lois, quelles qu’elles puissent être.
— Vous avez peut-être raison, Monsieur. Mais ma raison pour vous demander ce qu’on entend par nullus, c’est la circonstance que sir Wycherly, en cherchant à s’expliquer, a appliqué ce mot plusieurs fois à son neveu, à son héritier, M. Thomas Wychecombe.
— Ah ! — en vérité ? ne s’est-il pas plutôt servi des mots filius nullus ?
— Je pense qu’il a dit nullus. Cependant je crois qu’il a aussi murmuré une ou deux fois le mot filius.
— Oui, oui, c’est ce qu’il a dû dire, et je suis charmé que sir Wycherly soit informé du fait, car je vois que ce jeune homme affecte de se considérer sous un tout autre point de vue. Filius nullus, Monsieur, est le terme légal pour désigner un bâtard, un fils de personne, comme vous le comprenez facilement. Or je sais parfaitement que telle est la malheureuse position dans laquelle se trouve M. Thomas Wychecombe ; car j’ai entre tes mains des preuves irréfragables constatant que son père n’a jamais épousé sa mère.
— L’impudent coquin a pourtant en poche un certificat de ce mariage, signé par le ministre de je ne sais quelle paroisse de Londres.
Sir Reginald parut surpris de cette assertion ; mais le vice-amiral lui ayant raconté ce qui s’était passé entre lui et Tom, il ne put conserver, aucun doute du fait.
— Puisque vous avez vu cette pièce, reprit-il, il faut bien qu’elle existe mais cela prouve seulement que ce jeune homme est décidé à adopter les moyens les plus désespérés pour s’assurer le titre et le domaine. Ce qu’il m’a dit de l’existence d’un testament doit être une fable ; car nul homme jouissant de son bon sens ne voudrait risquer son cou pour obtenir une distinction aussi futile qu’un titre de baronnet. — Nous faisons partie tous deux de cette classe, sir Gervais, et nous pouvons en parler franchement. — Or, s’il existait un testa-